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Yasuhiro Shiota, le bottier devenu ressemeleur indépendant à Fontainebleau

Au pied des blocs mythiques de Fontainebleau, Yasuhiro Shiota redonne vie à des milliers de chaussons d’escalade. Installé dans son atelier-boutique, cet artisan japonais devenu maître du ressemelage pour grimpeurs a troqué la mode sur-mesure pour des paires de chaussons usées jusqu’à la corde. Un choix de passion, d’audace et d’indépendance totale.


Yasuhiro Shiota
© Vertige Media

Du Japon à Fontainebleau : l’itinéraire d’un bottier rebelle


Yasuhiro Shiota n’avait rien du profil du bottier classique. Fils de Tokyo, formé en Angleterre, il arrive en France pour se perfectionner dans le sur-mesure de luxe. « J’étais bien, en théorie. Le boulot était stable. Mais la crise du Covid a tout chamboulé, et l’atelier pour lequel je travaillais a fermé, » raconte-t-il. Face à l’incertitude, Yasuhiro, grimpeur depuis plus de dix ans, voit là un tournant possible. « J’avais une autre idée derrière la tête. À l’époque, il n’y avait quasiment pas de services de ressemelage de chaussons d’escalade en France. C’était un terrain vierge, à exploiter. »


« J’avais une autre idée derrière la tête. À l’époque, il n’y avait quasiment pas de services de ressemelage de chaussons d’escalade en France. C’était un terrain vierge, à exploiter. »

Le destin l’attendait à Fontainebleau, l’épicentre mondial de l’escalade de bloc. « Fontainebleau, c’est la Mecque, tous les grimpeurs y passent un jour ou l’autre. J’y allais tous les week-ends en train et en vélo. Et à force, je me suis dit : autant m’installer ici, faire quelque chose de concret pour les grimpeurs, » dit-il. En 2023, son atelier ouvre ses portes. Un endroit où on répare des chaussons ; mais aussi un lieu où l’on parle, on échange, on partage des récits d’escalade.


Yasuhiro Shiota
© Vertige Media

Le ressemelage : art et défi quotidien


Le quotidien de Yasuhiro est rythmé par le bruit des machines et l’odeur du caoutchouc chauffé. Chaque matin, il s’attaque aux paires préparées la veille. « Il y a toute une procédure à respecter. Je termine les paires laissées 24 heures pour que la colle prenne, puis je nettoie, enlève les anciennes gommes, prépare les nouvelles semelles. C’est répétitif, mais il faut que ce soit parfait à chaque fois, » explique-t-il avec précision. Mais loin d’être un simple ouvrier, Yasuhiro voit chaque paire de chaussons comme une prolongation de son propre art.


« En travaillant, je pense à mes propres projets d’escalade. À chaque paire, je me dis : ‘Qu’est-ce que j’aimerais que ces chaussons apportent ? Comment je peux améliorer leur performance ?’ »

Yasuhiro Shiota
© Vertige Media

En tant que grimpeur lui-même, il voit dans le ressemelage bien plus qu’un travail technique. « En travaillant, je pense à mes propres projets d’escalade. À chaque paire, je me dis : ‘Qu’est-ce que j’aimerais que ces chaussons apportent ? Comment je peux améliorer leur performance ?’ » Et cette réflexion, les clients la ressentent. Certains viennent avec des paires qui traînaient au fond d’un placard depuis des années, d’autres ramènent leurs modèles vintage, usés jusqu’à la corde. « Pour eux, chaque paire a une histoire. Et moi, j’essaie de la prolonger. »


Éthique et écologie : prolonger la vie des chaussons


Pour Yasuhiro, le ressemelage n’est pas seulement un métier, c’est aussi un acte militant. « Les chaussons d’escalade, c'est un gros budget, et ils s’usent à une vitesse folle. Si tu grimpes trois fois par semaine, ta paire n'est plus utilisable après trois mois. Le ressemelage, c’est un gain énorme pour le portefeuille des grimpeurs, et ça évite de jeter des tonnes de caoutchouc et de plastique, » explique-t-il. Le ressemeleur s’assure de travailler avec des matériaux de haute qualité, notamment des gommes officielles pour les modèles les plus populaires. « Ça me permet de garantir un bon résultat, surtout pour les chaussons les plus utilisés comme ceux de La Sportiva. »


« Les chaussons contiennent des gommes, du plastique, toutes ces choses qui mettent des années à se décomposer. Alors, autant faire durer. »

En prolongeant la durée de vie des chaussons, Yasuhiro contribue à un geste écologique significatif. « Ce que je fais, ce n’est pas parfait pour l’environnement, bien sûr, mais c’est toujours mieux que de jeter. Les chaussons contiennent des gommes, du plastique, toutes ces choses qui mettent des années à se décomposer. Alors, autant faire durer. Certains clients, je leur ressemelle les mêmes paires quatre, cinq fois ! Ça dépend de la qualité de la fabrication, de l'état dans lequel les chaussons arrivent à l'atelier, mais tant que c'est possible, je continue. »


Indépendance : un choix de vie brut et sans compromis


Le passage au statut d’indépendant n’a pas été facile pour Yasuhiro, mais c’était une décision mûrement réfléchie. « J’ai quitté un boulot où tout était stable. Chaque mois, tu reçois ton chèque, tu fais ton travail, tu rentres chez toi. C’est confortable, trop confortable même, » avoue-t-il sans détour. « À force, tu te retrouves enfermé dans une routine. Tu espères une augmentation, tu te bats pour des miettes… C’est là que tu te dis qu’il y a autre chose à vivre. »


« Quand je travaille, je sais que chaque effort, chaque heure de travail, ça me revient directement. Ça te rend plus vivant, parce que tout ce que tu fais, c’est pour toi, pas pour quelqu’un d’autre. »

Yasuhiro Shiota
© Vertige Media

Aujourd’hui, il gère tout, de l’artisanat aux papiers administratifs, en passant par la comptabilité. « Être indépendant, c’est jongler avec tout ça. Personne ne t’aide, et les mois ne se ressemblent jamais. Mais c’est ce qui me motive. C’est moi qui décide de tout : mon rythme, mes choix. Et c’est pour ça que je me lève le matin. » Pour Yasuhiro, l’indépendance est aussi un défi personnel, une manière de prouver qu’il est maître de son destin. « Quand je travaille, je sais que chaque effort, chaque heure de travail, ça me revient directement. Ça te rend plus vivant, parce que tout ce que tu fais, c’est pour toi, pas pour quelqu’un d’autre. »


Dans cet atelier à taille humaine, où chaque coin est optimisé, Yasuhiro a su créer un espace à son image : « Mon atelier, c’est mon terrain de jeu. J’y ai mis mes machines, mais aussi mes instruments de musique et même un espace pour m’entraîner physiquement. Personne ne me dicte comment je dois l’aménager. Ça aussi c’est le luxe de l’indépendance. »


Un pilier de la communauté de Fontainebleau


Yasuhiro Shiota a choisi de s’ancrer au plus près de la communauté des grimpeurs. « Fontainebleau, c’est un carrefour pour les passionnés du monde entier. Je veux que cet atelier soit là pour eux, que ce soit une référence où ils peuvent réparer leurs chaussons au lieu de les jeter. » Pour lui, offrir un service de proximité, qui fait sens pour la communauté, est essentiel. « C’est un moyen pour moi de contribuer, à ma manière, à ce que les grimpeurs puissent profiter de leurs chaussons plus longtemps, sans gâchis. »


Depuis son ouverture, l’atelier de Yasuhiro Shiota s’est imposé comme un repère pour ceux qui veulent allier passion et responsabilité. Avec ses machines, son expertise et son amour de l’artisanat, Yasuhiro a redonné ses lettres de noblesse à un métier peu connu mais essentiel. Un atelier où chaque chausson raconte une histoire, et où chaque client repart avec bien plus qu’une semelle réparée : une expérience, une part d’authenticité, et une bonne dose de liberté partagée.



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Cet article s’inscrit dans une série de portraits d’indépendants, initiée en collaboration avec Blank, la plateforme qui accompagne les freelances et entrepreneurs dans leur gestion financière. Blank propose un compte professionnel adapté aux indépendants, avec des outils pour simplifier leur quotidien : facturation, gestion des dépenses, cotisations et support dédié. L’objectif ? Libérer du temps aux indépendants pour se concentrer sur ce qui compte vraiment, tout en leur offrant la sécurité et l’accompagnement nécessaires pour développer leur activité en toute sérénité.

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