Urbex, quand la grimpe vient au service de l'exploration urbaine
L'échange que nous avons eu avec Adrien, 26 ans, Bordelais de naissance, révèle un récit de vie semblant échappé d'un roman d'aventures. Passionné d'urbex et cordiste, l'escalade est le fil rouge de sa vie, Adrien est un explorateur urbain qui utilise la grimpe comme outil aussi bien dans son quotidien personnel que professionnel. Cet entretien avec Vertige Media révèle un jeune homme au parcours singulier, un mélange de courage, de sens de l'engagement et de quête de liberté.
Refusant la routine d'un emploi classique, Adrien a choisi, dès ses 18 ans, de s'évader et d'explorer le monde. Les lieux qu'il explore, absents des guides classiques, sont ceux abandonnés ou devenus inaccessibles, animé par un désir d'aller là où plus personne ne va.
"J'ai une vie assez à part, je suis un grand voyageur, j'ai découvert l'urbex à 18 ans, je ne voulais pas travailler mais explorer."
Nous confie Adrien le plus simplement du monde.
Cette soif d'exploration l'a poussé à quitter le monde conventionnel des études pour embrasser une existence nomade, marquée par des voyages en Europe et en Australie, avec sa toile de tente et son van comme maison. Châteaux, maisons, épaves, piscines, garages, ponts, il tisse ses itinéraires au fil de lieux abandonnés qu'il photographie et partage à sa communauté sur son compte Instagram Urbex et Prestige. Chaque voyage, riche en découvertes insolites, est aussi pour lui une opportunité de s'imprégner pleinement des cultures locales.
Avec des vidéos dépassant les 4 millions de vues, son compte Instagram, initialement créé pour partager ses aventures, est devenu une fenêtre sur son univers. Aujourd'hui, en plus d'être une source évidente de dopamine pour Adrien, c'est surtout un outil d'expérience sociale. Grâce à ce compte il gagne la confiance de d'autres passionnés qui prennent contact avec lui, lui partagent des adresses, etc. Une notoriété croissante qu'il doit en partie à ses talents de grimpeur.
"Grimper sur un lieu pour l'ouvrir c'est le meilleur moyen de ne rien détériorer. Pas besoin de forcer une porte ou une fenêtre quand on sait escalader. Il y a toujours une lucarne ou un passage ouvert dans les hauteurs. Savoir que je n'endommage pas les lieux que je visite c'est un point important pour la communauté qui pratique l'urbex."
Nous explique-t-il.
Si le compte Instagram n'a pas d'objectif financier pour l'instant, il a eu l'occasion de faire plusieurs vernissages où il a vendu de nombreuses photos. Mais Adrien gagne surtout sa vie en tant que cordiste, un rôle qui lui permet de combiner travail et passion pour les hauteurs. Ce métier dangereux, exigeant l'utilisation de cordes pour accéder à des zones inaccessibles.
"C'est un métier à risque qui implique d'utiliser la corde. On est payé à ne pas mourir"
Dit-il avec une pointe d'humour.
Peinture, nettoyage de vitres, installation d'antennes... chaque mission est différente, comme une nouvelle aventure, ce qui lui offre un épanouissement professionnel et une variété d'expériences enrichissantes. Pratiquer ce métier en intérimaire lui laisse la liberté nécessaire à continuer ses explorations tout en répondant à ses besoins financiers.
Récemment Adrien a été mis en lumière lors d'une action écologique qui consistait à éteindre les panneaux lumineux des enseignes commerciales. Une obligation légale que peu d'établissements respectent et qui contribue à la fois à une surconsommation d'énergie inutile et à une pollution lumineuse. Cette action, capturée en vidéo et partagée sur son compte personnel, a explosé en popularité, totalisant plus de 9 millions de vues.
"Je suis sensible au sujet écologique mais je ne suis pas un militant engagé. À la base je rejoignais juste un groupe d'amis qui voulaient utiliser mes compétences de grimpe urbaine pour cette opération. La vidéo c'était pour les amis, c'est pour ça qu'elle a été publiée sur mon compte personnel. Je m'attendais pas du tout à ce que ça prenne une telle ampleur, j'ai été un peu dépassé par les évènements."
Nous répond Adrien lorsque l'on l'interroge sur cet acte militant.
Mais cet acte a eu un impact positif important, une expérience qui a non seulement sensibilisé le public à l'écologie urbaine, mais a également démontré l'importance de petites actions individuelles.
Si Adrien grimpe partout, la pratique conventionnelle de l'escalade est une découverte plus récente pour lui. Une passion qui a commencé à germer suite à un accident de voiture, il a découvert les salles de bloc chez Arkose et ce qui lui a donné un élan de motivation et l'a aidé à définir de nouveaux objectifs. Depuis qu'il pratique en salle, il a aussi acquis plus de technique pour améliorer sa manière de grimper lors de ses explorations.
"C'est d'abord devenu un échappatoire, un moyen de m'éloigner du stress du quotidien. Et surtout ça m'a permis d'acquérir une plus grande confiance en moi, je me sens plus serein. Quand j'escalade des châteaux, ou d'autres bâtiments, être serein c'est une question de sécurité. Il faut gérer le stress de l'illégalité, le potentiel de l'accident grave. Le risque de faire une erreur est nettement moins élevé quand on apprend à bien contrôler ses émotions."
Adrien incarne l'esprit de l'aventure urbaine, démontrant que l'escalade peut être bien plus qu'un sport ou un loisir : un véritable compagnon de vie sur lequel on peut s'appuyer pour rebondir, se challenger et progresser.