Thibaud Souhait : l’indépendance à double prise
Dans le monde de l’ouverture en escalade, il existe des chemins tout tracés, et d’autres qui se dessinent au fur et à mesure des prises vissées. Thibaud Souhait appartient à cette seconde catégorie. À la fois salarié et indépendant, il navigue entre la stabilité d’un poste fixe et la liberté du freelance, jonglant entre contraintes, créativité et recherche constante de nouveauté. Un équilibre à trouver dans un métier aussi physique qu’exigeant.

Tomber dedans par hasard… et ne jamais en ressortir
Avant de passer ses journées à sculpter le mouvement, Thibaud se destinait à un tout autre univers. « À la base, je voulais entrer dans l’armée », confie-t-il. Un choix que ses parents n’ont pas vu d’un bon œil, l’incitant à poursuivre des études. Direction STAPS, avec l’idée d’obtenir une licence pour intégrer l’institution en tant que sous-officier. C’est là, presque par accident, qu’il découvre l’ouverture.
Dans le cadre de ses cours, il doit visser ses premières prises dans une salle d'escalade, et rapidement, l’envie de créer des mouvements l’attrape.
« Contrairement à la grimpe où tu dois résoudre des problèmes, là, c’est moi qui les crée. »
Une révélation qui le pousse à décrocher un job d’été dans une salle. Test d’ouverture improvisé, essai concluant : il est embauché. À partir de là, tout s’enchaîne.
L’ouverture, un travail d’orfèvre
Être ouvreur, ce n’est pas simplement visser des prises sur un mur. C’est proposer des mouvements, des idées, des parcours, en tenant compte de multiples paramètres : progression des grimpeurs, variété des styles, équilibre entre accessibilité et challenge.
« Pour des cours à l’année, on doit créer un schéma pédagogique. Si les ouvertures suivent la progression de l’apprentissage, tout devient plus fluide »
explique-t-il.

Mais dans une salle privée, l’enjeu est différent. Il faut constamment se renouveler pour éviter la monotonie, tout en conservant une certaine cohérence. « On ne peut pas toujours inventer du neuf. Mais une même idée, une même presse, peut évoluer selon les placements, les prises, les volumes… » Une gymnastique mentale qui pousse à s’inspirer partout : compétitions, grimpe en extérieur, autres salles, réseaux sociaux.
Le choix de l’indépendance
Après plusieurs années de salariat combiné à un statut d'indépendant, Thibaud fait un choix audacieux : devenir complètement indépendant. Une décision motivée autant par des raisons personnelles que professionnelles. « Ma copine est partie vivre à Angers, et je voulais la rejoindre. Le salariat ne me laissait pas cette flexibilité. »
L’indépendance, c’est l’opportunité de travailler dans plusieurs salles, de découvrir de nouvelles équipes, d’expérimenter d’autres approches.
« Chaque salle a sa patte, ses exigences. Certaines privilégient une esthétique léchée, d’autres veulent des ouvertures qui ressemblent à du naturel, d’autres encore cherchent à recréer des mouvements de Coupe du monde. »
Mais ce choix a son revers. Administration, précarité, absence de mutuelle, nécessité de démarcher pour trouver des missions… « Il faut être organisé et accepter une part d’incertitude. » Une instabilité compensée par une rémunération souvent plus intéressante que celle d’un salarié.

L’usure du corps et l’avenir du métier
Un ouvreur passe ses journées à visser, dévisser, tester, monter, démonter. Un travail physique qui, avec le temps, pèse sur le corps. « À 50 ou 60 ans, c’est compliqué de continuer. À moins d’évoluer vers un rôle de chef ouvreur, on doit envisager une transition. »
Le marché, lui, est en mutation. La demande en ouvreurs explose avec la multiplication des salles, mais l’offre suit le même rythme. « Il y aura toujours de la place pour ceux qui sont bons », analyse Thibaud. La flexibilité de l’indépendance séduit de plus en plus de structures, notamment pour absorber les besoins ponctuels après une compétition ou renouveler les ouvertures sans dépendre d’une seule équipe.
Lui, en tout cas, se retrouve pleinement dans ce mode de vie. « J’ai envie d’explorer, d’apprendre, de tester d’autres manières de faire. » Une philosophie qui colle parfaitement à son métier : après tout, un ouvreur passe son temps à imaginer de nouvelles solutions.

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