La subjectivité des cotations en escalade : entre perceptions personnelles et influences
L'escalade est un défi tant physique que mental. Au-delà des aptitudes et des stratégies employées, un élément alimente fréquemment les discussions parmi les grimpeurs : la cotation. Mais quelle est la véritable valeur d'une cotation, et peut-on réellement s'y fier ?
Comprendre la cotation
Dans l'univers de l'escalade, la cotation évalue la difficulté d'une voie. Sans entrer dans le détail des différents types de cotation existant à travers le monde, elle informe le grimpeur sur les défis à anticiper, qu'ils soient techniques, physiques ou d'endurance. Toutefois, cette cotation traduit souvent le ressenti de l'ouvreur plus qu'une mesure objective.
La dimension subjective des cotations
La subjectivité des cotations est indéniable, et sauf si nous remplaçons les ouvreurs par des robots - ce qui ne semble pas être un futur souhaitable - cela demeurera ainsi. En attribuant une cotation, l'ouvreur se base sur son expérience, sa morphologie et ses compétences. Par exemple, une voie privilégiant les grands gabarits pourrait désavantager un grimpeur de petite taille, et inversement. Similairement, une voie nécessitant une forte préhension pourrait être plus facile pour un grimpeur ayant une force de main importante.
L'environnement joue également un rôle. Une voie en salle, avec des prises clairement indiquées et colorées de manière vive, contraste avec une voie en extérieur, où la variété et l'ambiguïté des prises rendent la lecture plus complexe. Des éléments psychologiques, tels que la distance entre les points d'ancrage ou l'environnement immédiat, peuvent aussi influencer la perception de la difficulté.
Il est également important de souligner que le niveau personnel de l'ouvreur peut influencer sa cotation. Lorsqu'on est habitué à grimper du 8A, il n'est pas toujours aisé de distinguer clairement entre un 5A et un 5B.
L'impact commercial des cotations
L'enjeu économique intervient également. Certaines salles d'escalade, cherchant à satisfaire l'égo de quelques grimpeurs, pourraient choisir des cotations plus indulgentes. Si cela séduit et fidélise certains, d'autres, plus expérimentés, peuvent se sentir floués. A contrario, certaines salles souhaitant maintenir une image d'exigence optent pour des cotations plus rigoureuses, attirant ainsi une clientèle de niveau supérieur.
Des approches pédagogiques
Face à ces enjeux, des salles comme Climbing District à St-Lazare ou Arkose Pantin ont adopté une démarche participative. Plutôt que d'imposer une cotation, elles sollicitent les grimpeurs pour la proposer et la valider, garantissant une adéquation plus étroite avec le ressenti général. Une manière pédagogique de répondre aux commentaires sur la difficulté ou la simplicité apparente de certaines voies. Un modèle qui est d'ailleurs largement utilisé dans les salles associatives qui optent pour ce système depuis très longtemps.
En conclusion, l'escalade, avec sa richesse et sa variété, considère la cotation davantage comme un guide que comme une règle stricte. Les grimpeurs devraient la percevoir comme un repère adaptable, en gardant à l'esprit que leur expérience peut différer de la cotation proposée. Après tout, chaque voie offre une aventure unique et chaque grimpeur y apporte son propre regard.