Straight 8s : une symphonie verticale en huit actes
Neil Gresham aurait pu se reposer sur ses lauriers après avoir dompté Lexicon, l’un des E11 les plus exigeants du Royaume-Uni. Mais l’exploit a laissé place à un vide qu’il peine à combler. « En escalade, je n’ai jamais manqué de motivation, mais depuis Lexicon, qui a été le projet le plus dur de ma vie, je me sens un peu perdu et en manque de focus, » confie-t-il. C’est en visionnant 24/8s, le film de Dave MacLeod sur un défi multidisciplinaire en Écosse, qu’il retrouve une direction.
« J’ai toujours aimé explorer différents styles d’escalade, donc ça m’a vraiment parlé, » explique Neil. Inspiré, il élabore un défi taillé à sa mesure : boucler en 24 heures un bloc V8, une voie trad E8, une voie sportive 8a, un itinéraire de dry-tooling D8, et terminer par l’ascension de huit sommets des Wainwrights. « Pendant la préparation, j’ai ressenti le besoin de partager cette expérience avec un partenaire, quelqu’un qui partage ma vision, » raconte-t-il. C’est alors qu’il pense à Anak Verhoeven, grimpeuse belge de renom.
Anak Verhoeven, hors de sa zone de confort
Neil et Anak se sont rencontrés lors d’un rassemblement en Italie. « C’était sa première vraie expérience de l’escalade trad, et à la fin du week-end, elle a ouvert une E7. Elle s’est vraiment éclatée, » se souvient Neil. Lorsqu’il lui propose de participer à son défi, il ne s’attend pas à une réponse positive.
« Ça sonnait comme une expérience unique, une chance qui ne se reproduirait pas. »
« C’était tellement différent de ce que je fais d’habitude. Je n’avais jamais fait de dry-tooling, et en plus, je ne suis pas particulièrement bonne en randonnée sur de longues distances, » admet-elle. Pourtant, elle embarque dans l’aventure. « Ça sonnait comme une expérience unique, une chance qui ne se reproduirait pas. »
Défi lancé : huit étapes d’une intensité folle
Le jour J commence au Bowderstone, un site mythique du Lake District. Le premier objectif : un bloc V8. « Ce problème, c’est du pur board-style : surplombant, des petites prises bien crades, et des mouvements explosifs, » détaille Neil. Malgré un échauffement précipité, Neil plaisante sur ses habitudes : « C’est ce que je faisais en compétition : bâcler l’échauffement, me cramer, et après me faire détruire. » Anak, quant à elle, aborde le bloc avec curiosité et méthode, cochant rapidement l’objectif.
« Cette traversée trempée, c’était horrible. Tes pieds glissent, tu essayes de les sécher à chaque mouvement. J’ai fini complètement cramé »
L’étape suivante, une voie trad E8 à Iron Crag baptisée Way Out West, ajoute une couche de complexité. « Il y avait une traînée humide sur l’itinéraire, juste là où c’est le plus délicat, » raconte Anak. « C’est le genre de journée où, normalement, tu rentres chez toi, » ajoute Neil. Mais le duo persévère. « Cette traversée trempée, c’était horrible. Tes pieds glissent, tu essayes de les sécher à chaque mouvement. J’ai fini complètement cramé » confie Neil, soulagé d’en finir.
Le timing devient serré lorsqu’ils atteignent Millside pour la voie sportive 8a. « Normalement, une 8a, c’est dans mes cordes. Mais après tout ce qu’on avait déjà fait, je ne savais pas combien il me restait dans le réservoir, » avoue Neil. Malgré la fatigue, les deux grimpeurs passent l’étape.
Le dry-tooling, quatrième épreuve, représente un véritable joker. « J’en avais fait un tout petit peu, mais pour Anak, c’était une première, » précise Neil. « C’était tellement fun, » s’enthousiasme Anak. « J’avais la même sensation que quand j’ai fait du trad pour la première fois : un mélange d’excitation et d’appréhension. »
L’épreuve finale : huit sommets à gravir
Alors que la nuit tombe, les deux grimpeurs s’attaquent à la dernière partie : une randonnée nocturne à travers huit sommets des Wainwrights. Les conditions se dégradent rapidement. « Le vent était déchaîné. Chaque sommet semblait encore plus loin que le précédent, » raconte Neil. Anak, malgré son manque d’expérience en randonnée, s’accroche : « Je n’avais jamais marché aussi longtemps. Je ne savais pas comment j’allais tenir, mais je me disais juste : un pas après l’autre. »
« Je n’ai aucune idée de comment j’ai fait, mais c’était incroyable. Une expérience comme aucune autre. »
Le dernier sommet, Holme Fell, est atteint juste avant la fin des 24 heures. « On était brisés, littéralement. Mais c’était aussi une satisfaction énorme. On avait réussi, » confie Neil. Anak, les yeux brillants de fatigue, partage ce sentiment : « Je n’ai aucune idée de comment j’ai fait, mais c’était incroyable. Une expérience comme aucune autre. »
Straight 8s : Un exploit collectif
Au-delà de la performance, Straight 8s célèbre une collaboration singulière. « Escalader, c’est souvent un sport individuel, mais ce défi, c’était une vraie aventure d’équipe, » résume Neil. Pour Anak, cette expérience a été une révélation : « J’ai découvert des facettes de l’escalade que je n’aurais jamais explorées. Ça a été épuisant, mais aussi incroyablement enrichissant. »
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