Solène Amoros : La résilience d'une grimpeuse face à l'adversité
En juin 2023, Solène Amoros, figure bien connue de l’escalade française, est brusquement arrêtée dans son élan. Un accident anodin en apparence vient bouleverser sa carrière et son quotidien. Là où d'autres auraient choisi de se retirer dans l'ombre, elle a décidé de transformer cette épreuve en un message puissant de résilience et de renaissance.
Un dimanche soir comme tant d'autres, dans une salle de bloc, un geste brusque, un déséquilibre, et la chute. Solène Amoros, alors âgée de 26 ans, se retrouve soudain confrontée à une épreuve inattendue.. Au cours d'une séance d'escalade classique, une petite fille surgit sur les tapis, et pour l'éviter, Solène tente une manœuvre désespérée. Le verdict est sévère : fracture de la tête du fémur, luxation du genou, ligaments déchirés. Ce qui aurait dû être une simple session d'entraînement devient le début d'un long chemin de croix d'une année pour cette athlète aguerrie.
« Je n’ai rien vu venir, » se souvient-elle aujourd’hui. « Je faisais attention, mais parfois, tout peut basculer en une fraction de seconde. » Pour Solène, la chute n’est pas seulement physique. Le choc psychologique est immense. Celle qui avait gravi des parois vertigineuses à travers le monde se retrouve brusquement immobilisée, incapable de reprendre son sport de prédilection.
De la douleur à la création
Si pour de nombreux athlètes, la blessure signifie souvent silence et effacement, Solène Amoros a choisi une voie différente. Avec l'aide de son partenaire Black Diamond, elle lance un projet audacieux : documenter sa rééducation et son retour à l'escalade dans une web-série intitulée "Résilience". Ce choix, radical et courageux, traduit la force de caractère de l'athlète, bien décidée à transformer l’épreuve en opportunité de partage et d’inspiration.
"Résilience", diffusée sur YouTube, est un journal intime en temps réel. La série suit Solène à travers chaque étape de sa rééducation, des premiers jours d’immobilisation aux entraînements progressifs pour retrouver ses capacités physiques. « C’était une série qu’on tournait au fur et à mesure que je vivais les choses. Rien n’était planifié à l’avance, » raconte-t-elle. Ce qui rend l’œuvre particulièrement authentique, c’est l’incertitude permanente.
Un défi de taille : allier corps et esprit
Dans l'univers de l'escalade, la dimension physique est indéniablement centrale. Mais comme beaucoup de grands sportifs, Solène découvre que la rééducation ne se limite pas à renforcer des muscles ou à réapprendre des gestes. Elle est également une question d'équilibre mental. La blessure devient alors un point de départ pour une introspection plus profonde.
« La partie psychologique est souvent négligée dans le sport, » explique le psychologue du sport Antoine Dufresne. « Or, pour un athlète de haut niveau, une blessure longue implique une remise en question identitaire. Le défi est de reconstruire sa confiance, de redéfinir sa relation avec la performance. »
Solène ne fait pas exception. Dans les épisodes de "Résilience", elle se montre vulnérable. « J’avais peur que cette blessure marque la fin de mon parcours, » avoue-t-elle. « Mais j’ai découvert que la résilience n’est pas seulement une capacité physique. C’est aussi accepter d’être fragile, d’être humain. »
Au fil des mois, la grimpeuse retrouve progressivement sa forme. Mais elle ne se contente pas d’une simple remise en condition. Solène vise plus haut : elle se fixe un objectif inédit, à la fois physique et symbolique.
L'ultime défi : Verdon, à vélo et à mains nues
Pour marquer la fin de sa rééducation, Solène Amoros se lance dans un projet de taille : rallier Embrun, sa ville natale, au Verdon à vélo, avant d'y gravir une grande voie de 200 mètres (8a+ max). Un exploit en soi, mais qui prend une dimension plus profonde dans le cadre de son retour à la pratique sportive. « Je voulais tester mes limites, voir jusqu’où je pouvais aller. » explique-t-elle. « Après un an de rééducation, j’avais besoin de savoir si je pouvais faire confiance à mon corps. »
Cette expédition devient l’aboutissement de sa série, mais aussi un acte de renaissance. « Le vélo, la grimpe, tout était un moyen de me prouver que j’étais prête à revenir, » dit Solène avec une détermination calme.
Un regard lucide sur l'avenir
Aujourd’hui, Solène Amoros est de retour sur les parois, mais elle sait que rien n’est gagné. « Il me manque un an d’escalade, et les derniers pourcentages à gravir sont toujours les plus durs. » admet-elle. Pourtant, son objectif est clair : elle vise désormais un 9a, une des cotations les plus exigeantes de l’escalade sportive.
Solène est consciente des risques, mais elle reste fidèle à son mantra : progresser lentement, méthodiquement, sans précipitation. « L’objectif principal, c’est de ne pas se blesser. » rappelle-t-elle, avec cette sagesse qu’elle a acquise au fil des mois de rééducation.
Le chemin n’est pas terminé pour Solène Amoros. Mais qu’elle atteigne ou non son objectif, elle a déjà prouvé que la véritable grandeur réside dans la capacité à se relever après une chute. Et en cela, Solène a déjà conquis l'essentiel.