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Orpierre, la corde trop courte et la chute sans fin

Photo du rédacteur: Pierre-Gaël PasquiouPierre-Gaël Pasquiou

Les parois d’Orpierre ont vu passer des générations de grimpeurs. Elles ont entendu les encouragements, les soupirs d’effort, les éclats de rire entre deux essais. Mais en avril 2024, elles ont aussi entendu un cri. Un cri brutal, suivi du silence. Une corde qui ne descend pas assez bas, une chute que rien n’arrête. Une gamine de 16 ans, partie grimper avec son club, qui ne rentrera jamais.


Escalade Orpierre

Dix mois plus tard, la justice s’en empare. Le 15 mai prochain, l’ancien président du Club Alpin Français (CAF) de Roanne, son responsable escalade et l’association elle-même seront jugés pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Gap.


Le dossier est lourd. L’audience sera longue. Les juges vont devoir reconstituer une tragédie où tout ce qui aurait dû être en place ne l’était peut-être pas. Un sport où la rigueur est une question de vie ou de mort ne pardonne pas les failles.


Un après-midi qui tourne au drame


18 avril 2024, secteur des Blaches, Orpierre. Un groupe d’adolescents du CAF de Roanne participe à un stage d’escalade, encadré par huit bénévoles. Ils sont vingt, entre 14 et 17 ans. L’ambiance est celle de toutes les sorties en falaise : de la concentration, des encouragements, une routine bien rodée.


Puis, tout bascule. Une grimpeuse chute. Quinze mètres. Trop haut pour espérer s’en sortir indemne. Polytraumatisée, inconsciente, elle est prise en charge par les secours de haute montagne et héliportée vers l’hôpital de Grenoble. Elle succombera quelques jours plus tard.


Des questions qui restent en suspens


L’enquête, menée par la gendarmerie de Briançon et le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM), a exploré toutes les pistes. Un possible problème de matériel a été évoqué par certains confrères journalistes, notamment l’utilisation d’une corde qui n’aurait pas été adaptée à la hauteur de la voie. Une information que la procureure n’a pas souhaité commenter, préférant en réserver la discussion au tribunal.


Mais une chose est certaine : la justice estime que des fautes ont été commises. Le Parquet de Gap considère les charges assez graves pour renvoyer les responsables devant le tribunal. Ce procès devra clarifier les responsabilités, dire si un manquement dans l’encadrement a eu lieu, et si oui, à quel niveau.


Des sanctions déjà lourdes


Avant même l’audience, des mesures ont été prises. Le Conseil Départemental de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative (CDJSVA) a suspendu quatre encadrants, deux pour un an, les deux autres pour deux ans.


Puis, la préfecture de la Loire a frappé plus fort : 15 ans d’interdiction d’encadrement pour ces quatre personnes. Une décision sans précédent, qui a poussé le club à restreindre encore plus son fonctionnement. Le CAF de Roanne est également interdit d’organiser des stages de plus de trois jours pendant cinq ans.


Le coup est dur. Le club perd des membres, les stages sont annulés, l’encadrement est sous pression. Cette année, aucun stage n’aura lieu, en hommage à la victime.


L’escalade, un sport qui ne tolère aucune erreur


L’escalade est un sport où chaque détail compte. Un nœud mal fait, un baudrier mal vérifié, une corde mal installée, et la sanction est immédiate. Il n’y a pas de filet de sécurité dans le vide.


Ce 15 mai, le tribunal de Gap devra répondre à une question essentielle : qu’est-ce qui a conduit à cette chute fatale ? Une erreur de matériel ? Un problème d’encadrement ? Un enchaînement de négligences ?


L’audience ne rendra pas la vie qu’une chute a fauchée, mais elle devra dire qui portera la responsabilité de ce drame.

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