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Paris 2024 : gloire olympique, misère sportive ?

Dernière mise à jour : 4 févr.

Six mois après la ferveur de Paris 2024, la flamme vacille déjà. On avait promis un héritage. On a surtout hérité d’un goût amer. D’un côté, des clubs débordés par l’afflux de nouveaux adhérents, tous inspirés par les exploits de nos champions. De l’autre, un ministère des Sports amputé de plus de 100 millions d’euros dans le budget 2025. Et comme si ça ne suffisait pas, un amendement pour tailler encore 34 millions, heureusement retoqué. Comment capitaliser sur un élan si on coupe les jambes de ceux qui courent ?


Escalade
© David Pillet

Les JO, une promesse en carton ?


Paris 2024, c’était censé être le tremplin. Mais sans filet, gare à la chute. L’histoire est vieille comme le monde sportif : on célèbre les athlètes, on fait vibrer les stades, puis on tire le rideau… et le budget. C’est l’ombre de Londres 2012 qui plane sur nous. Là-bas, après des JO flamboyants, l’élan s’est écrasé faute d’infrastructures et d’éducateurs pour accueillir les nouveaux pratiquants. Aujourd’hui, la France regarde droit dans la même impasse.


Un mur infranchissable pour l’escalade ?


Prenons l’exemple de l’escalade, discipline olympique nouvelle star. Depuis son arrivée au programme des Jeux, elle connaît un boom phénoménal : salles bondées, clubs saturés, mais toujours les mêmes galères. De nombreux grimpeurs peinent à trouver une place dans les clubs associatifs, souvent saturés face à l’engouement croissant pour la discipline. Et les bénévoles, eux, grimpent à mains nues, sans moyens. La Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME) tire la sonnette d’alarme : sans financement, impossible d’entretenir nos falaises, de développer des formations d’ouvreur ou de répondre à l’engouement post-JO.


Pendant ce temps, les salles privées annoncent des hausses de tarifs qui s'envolent sans limite ou se maintiennent à des niveaux impressionnants. 600 € pour un abonnement annuel chez Arkose, 650 € chez Climbing District, 720 € chez Blocbuster. Et les tarifs réduits ? Certains disparaissent tout simplement, privant les demandeurs d’emploi ou les publics précaires d’un accès au sport. Cette envolée des prix montre à quel point un tissu associatif solide est essentiel. Car l’escalade, ce n’est pas qu’une question de loisir.


C’est une discipline qui rapproche, qui éduque. Les voies qu’on ouvre ne sont pas que des défis physiques, ce sont des chemins vers des valeurs essentielles : le respect, la solidarité, le dépassement de soi. Mais avec un budget sous perfusion, les clubs associatifs n’ont plus les moyens d’offrir une alternative accessible. Et quand grimper devient un luxe, c’est tout un pan de la société qu’on prive de ces valeurs.


Un sport amputé, une société perdante


Les chiffres claquent comme une corde qui lâche : une réduction de 30 % du budget du sport revient à sacrifier les bénévoles, les éducateurs, et les infrastructures. Ça n’a rien d’abstrait. Derrière chaque grand champion se cache un club, une salle, et des formateurs passionnés. Moins d’équipements, c’est moins d’inclusion. Moins d’éducateurs, c’est moins de sécurité. Moins de moyens, c’est moins de sport pour tous.


Et pourtant, le sport, c’est le plus grand investissement social qui soit. Des milliards d’euros économisés en dépenses de santé. Une cohésion sociale qui commence sur les tapis de judo, les murs d’escalade, ou les terrains de foot. Pendant le COVID, on l’a bien vu : priver la société de sport, c’est l’asphyxier.


La tribune qui allume la flamme


Une lueur d’espoir subsiste. La tribune « Ensemble, entretenons la flamme de Paris 2024 » a déjà rallié de nombreux acteurs du sport. Le message est clair : ne laissez pas l’élan des JO s’éteindre dans l’indifférence.


On y lit des mots forts : « Le sport est une promesse de santé, de cohésion et d’espoir. Chaque euro amputé au budget du sport est un frein à l’éducation, à la santé publique, et à l’inclusion. » Alors, que fait l’État ? On nous avait promis qu’il tiendrait parole. Qu’il investirait dans le sport. Mais pour l’instant, c’est silence radio. Ou pire : des arbitrages budgétaires qui sabrent un pilier de notre société.


Le sport français en « money time »


En escalade, le « money time », c’est ce moment où l’on choisit entre tout donner pour clipper la dégaine ou accepter le vol. Le sport français est exactement à ce stade. Une décision cruciale s’impose : investir pour construire un avenir ou renoncer à l’héritage de Paris 2024.


La commission mixte paritaire, qui statuera sur le budget des sports, détient les clés de cet avenir. Si nos élus échouent, ce ne sont pas seulement les clubs et les salles qui trinqueront, mais des millions de pratiquants, du grimpeur amateur au champion olympique.


Ne lâchons rien


Le sport n’est pas une variable d’ajustement budgétaire. C’est un pilier. Une valeur. Une opportunité de bâtir une société plus forte, plus solidaire. L’État doit arrêter de jouer les équilibristes du budget et tenir ses promesses. Comme l’a écrit la tribune, chaque jour sans sport coûte cher : en santé, en liens sociaux, en espoir.


Grimpeurs, athlètes, bénévoles, éducateurs : mobilisons-nous. Pour que chaque euro investi dans le sport soit un euro investi dans l’avenir. Signez la tribune et rejoignez le mouvement pour que Paris 2024 ne soit pas une opportunité manquée. Parce que si on perd cette bataille, la flamme de Paris 2024 ne sera qu’un feu de paille.

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