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Coupe du Monde IFSC 2025 : nouveau barème, nouveaux formats, nouvelle ère ?

Photo du rédacteur: Adrien BatailleAdrien Bataille

La saison 2025 de la Coupe du Monde d’escalade va secouer les habitudes. L’IFSC a sorti son carnet de route et, au menu, quelques ajustements qui risquent de faire jaser. Nouvelle notation, remaniement des finales, recalibrage des demi-finales : l’ère du scratch et des tops à l’ancienne prend un petit coup de polish. Avec, en arrière-plan, une volonté affichée de rendre la discipline plus compréhensible, plus accessible, et—coïncidence ou pas—plus télégénique. Tour d’horizon des changements à venir.


Ai Mori escalade
© David Pillet

Bloc : Plus de monde, plus de points, moins de suspense ?


D’abord, les demi-finales en bloc passent de 20 à 24 grimpeurs. Une réforme qui donne un peu plus d’air aux qualifications et ouvre la porte à quelques outsiders. L’argument officiel ? "Augmenter la diversité des nations représentées en finale." En coulisses, on comprend aussi que ça sert à équilibrer les formats avec la difficulté, qui alignera également 24 grimpeurs en demi-finale.


Ensuite, les finales en bloc passent de 6 à 8 compétiteurs. Une harmonisation avec la difficulté qui n’a rien d’anecdotique : ça signifie plus de spectacle, mais aussi plus de chances pour les grimpeurs de s’incruster au sommet du tableau. Et plus d’athlètes en finale, c’est aussi plus de caméras qui s’agitent et plus de stories Instagram sur la diversité du circuit.


Mais le gros morceau, c’est le changement radical du système de notation. Exit le décompte de tops, zones et essais façon vieille école. Désormais, place aux points, comme aux JO :

  • 25 points pour un top

  • 10 points pour une zone

  • -0,1 point par essai supplémentaire


Un flash, et c’est jackpot. Une grimpe propre et efficace permet de maximiser son score. Une grimpe hésitante, au contraire, ronge les points. Fini les tiebreaks alambiqués où l’on comptait les tentatives sur les zones, puis les tops, puis les zones à nouveau, puis la position du soleil à midi. Avec ce système, le classement devrait être limpide. Trop limpide ?


La question que pose ce barème, c’est la place du suspense. La grimpe, ce n’est pas du patinage artistique, on ne donne pas des notes sur un enchaînement mais on compte des réussites. Là, on transforme une réussite en un score progressif, qui pourrait lisser les écarts entre les compétiteurs. Si un grimpeur s’arrache pour sortir un bloc difficile au bout de cinq essais, il marque 24,5 points. Celui qui le sort au premier en prend 25. Une demi-punition pour l’effort, une demi-récompense pour la persévérance. Reste à voir si ça tiendra la route en conditions réelles.


Finales en bloc : un tapis roulant de grimpeurs


Autre évolution, et pas des moindres : le format des finales change. Finie la procession solitaire où chaque athlète venait s’offrir sa parenthèse sous les projecteurs. Désormais, plusieurs grimpeurs évolueront simultanément sur scène. L’idée est simple : fluidifier le spectacle, éviter les temps morts, et "assurer un flux d’action continu", dixit l’IFSC. Seuls le premier et le dernier grimpeur bénéficieront encore d’un passage individuel.


Sur le papier, ça évite ces longues minutes de silence où l’on attend que le grimpeur suivant vienne se jeter sur le bloc. Dans la pratique, c’est une mini-révolution : les spectateurs sur place devront jongler entre plusieurs essais simultanés, et le livestream deviendra un ping-pong de plans serrés sur des grimpeurs en lutte. Un format à la "qualif", qui risque de diviser les puristes. Car si tout le monde grimpe en même temps, la tension d’un mano a mano sur le dernier bloc risque de disparaître. Pour l’instant, personne ne sait si ce sera un coup de génie ou un bordel visuel.


Difficulté : Moins de place en demi, toujours autant en finale


En parallèle, la discipline de la difficulté subit un petit régime minceur. Les demi-finales passent de 26 à 24 grimpeurs, sans qu’on sache très bien pourquoi (hormis l’alignement avec le bloc). Une coupe marginale, mais qui pourrait avoir son importance en fin de saison, là où les places en demi se jouent souvent à une prise près.


En revanche, les finales ne bougent pas : on garde 8 grimpeurs et grimpeuses sur la voie ultime, comme d’habitude. Un statu quo qui montre que la difficulté a moins besoin de coups de peinture pour séduire.


Un calendrier 2025 sous haute surveillance


Toutes ces nouveautés seront mises à l’épreuve dès le 18 avril à Keqiao, en Chine, première étape d’une saison qui s’étendra jusqu’en septembre. Un crash-test grandeur nature pour voir si ces ajustements rendent effectivement la compétition plus fluide, plus claire et plus intense.


Car au fond, ces réformes traduisent une ambition claire de l’IFSC : rendre l’escalade compétitive plus digeste pour les spectateurs extérieurs. Avec l’essor des JO, l’objectif est de simplifier les formats, harmoniser les disciplines et fluidifier les retransmissions. Quitte à perdre un peu du chaos organique qui faisait le sel des compétitions ? Les puristes grinceront des dents, les stratèges s’adapteront, et les grimpeurs, comme toujours, tenteront d’écrire l’histoire, point après point.

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