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  • Photo du rédacteurAdrien Bataille

Katherine Choong conquiert Zahir (8b+) en style Ecopoint, avec Eline Le Menestrel en soutien

Si Katherine Choong n’était pas encore dans vos radars, il est grand temps de la découvrir. À 32 ans, cette grimpeuse suisse vient de marquer l’histoire en devenant la première femme à répéter Zahir (8b+, 300 m), une des grandes voies les plus redoutables des Wendenstöcken, en Suisse. Ce qui rend son exploit encore plus exceptionnel, c’est le fait qu’elle ait réalisé cet exploit en style Ecopoint, se rendant au site uniquement à pied, à vélo et en transports en commun. Une démarche cohérente avec sa volonté de limiter son impact environnemental, et qui s’inscrit parfaitement dans cette aventure au long cours.


Katherine Choong
© Julien Nadiras

Mais derrière cet exploit technique et logistique se cache une histoire de persévérance, de résilience et d’un soutien indéfectible entre partenaires de cordée. Ce 2 septembre, Katherine et Eline Le Menestrel, déjà bien connue de la communauté des grimpeurs, se sont levées à 3h50 pour une longue journée d’escalade. L'objectif : gravir une voie dont la réputation n’est plus à faire, un défi tant mental que physique.


Dès le départ, Katherine se sent en confiance dans les premières longueurs : « Je me sentais fraîche dans les deux premières longueurs (6c, 8a) », raconte-t-elle sur Instagram. Mais dès la troisième longueur, cotée 8b+ et réputée être la plus difficile, les ennuis commencent. « Lors de mes deux premiers essais dans cette longueur, je suis tombée dans la section clé. Le soleil tapait déjà sur la paroi, mais je savais que cela pouvait être ma dernière chance, car notre voyage touchait à sa fin et la météo s’annonçait instable pour les jours suivants. La pression montait. »


Zahir
© Julien Nadiras

La section clé de Zahir est célèbre pour ses réglettes tranchantes et précises, et nécessite une concentration totale. Chaque mouvement compte, et chaque chute se paye cher en énergie et en peau. Lors de son troisième essai, Katherine se donne à fond : « J’ai passé la section clé, lutté comme jamais, grimpé le second crux... et suis tombée sur le tout dernier mouvement, juste en dessous du relais. » C'est une déception énorme pour la grimpeuse, surtout qu’elle souffre alors d’une coupure au doigt.


Dans ce genre de situation, beaucoup abandonneraient. Mais Katherine, forte de son expérience et de ses réussites précédentes, dont une première ascension en 9a, puise dans ses ressources mentales. « Quelque chose a cliqué dans mon esprit et j’ai su que je pouvais réussir, quelles que soient les circonstances. Je me suis reposée et, à 12h30, j’ai tenté une toute dernière fois. Mon doigt saignait (pas idéal sur ces minuscules prises), je grimpais sous un soleil de plomb, mais je me sentais confiante. »


Son acharnement porte ses fruits : cette fois-ci, elle réussit à franchir la longueur clé. Mais le défi n’est pas terminé pour autant. Il lui reste encore cinq longueurs à gravir (7c, 7a+, 7a+, 7b, 6c), des passages où les protections sont rares et où la fatigue devient un adversaire aussi redoutable que la difficulté technique. « Nous avons continué malgré l’épuisement, sans peau et avec peu d’énergie, mais nous avons finalement atteint le sommet à 18h », explique Katherine.


Topo Zahir

Cette ascension illustre parfaitement la résilience mentale et physique requise pour ce genre de projet. L’engagement total dont fait preuve Katherine est renforcé par le soutien d’Eline Le Menestrel, une partenaire de cordée attentive et motivante. « Eline m’encourageait tellement, je sentais son énergie me porter. J’ai lutté à chaque mouvement, failli tomber de nouveau au même dernier mouvement, mais j’ai finalement tenu la prise finale et clippé la chaîne. » Le duo réussit là où tant d’autres auraient échoué.


Zahir, équipée entre 1996 et 2004 par les grimpeurs suisses Iwan Wolf et Günther Habersatter, est une ligne incontournable pour les amateurs de grandes voies. La première ascension a été réalisée en 2006, et depuis, elle est restée l’un des défis majeurs des Wendenstöcken. Cotée 8b+, avec une troisième longueur particulièrement exigeante, elle demande aux grimpeuses et grimpeurs un engagement total, tant technique que psychologique.


Le parcours de Katherine Choong est lui aussi exemplaire. Elle a commencé à grimper à l’âge de 8 ans, et s’est rapidement imposée dans le circuit des compétitions, remportant plusieurs médailles avec l’équipe nationale suisse. Elle est devenue vice-championne du monde junior en 2008, puis championne du monde junior en 2009. Mais en 2021, après une carrière de compétition bien remplie, elle décide de se consacrer entièrement à l’escalade en extérieur. Avec un diplôme de droit en poche, Katherine a choisi de privilégier la roche à la robe d’avocate, enchaînant depuis les projets d’envergure comme Zahir.


Cette ascension en style Ecopoint, avec tout ce qu’elle implique en termes de défi physique, mental et éthique, renforce encore la stature de Katherine dans le monde de l’escalade. À la croisée de la performance sportive et de la réflexion environnementale, elle trace une voie qui inspire les générations de grimpeurs à venir.

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