L’IFSC met le doigt dans l’engrenage du sport business
Le monde de l’escalade va-t-il basculer dans une nouvelle ère ? L’IFSC vient de sceller un partenariat stratégique avec IRIS Sport Media, une société britannique qui fait du développement commercial son terrain de jeu. Traduction : l’escalade de compétition veut arrêter de ne compter que sur les marques outdoor traditionnelles et entrer dans la cour des sports qui pèsent lourd sur le marché mondial.
L’ambition est claire : plus de visibilité, plus de sponsors, plus d’argent. Mais entre professionnalisation et dérive marchande, où s’arrête la progression et où commence la perte d’identité ?

La fin de l’artisanat économique ?
On ne va pas se mentir, l’économie de l’escalade tient encore plus du bricolage que d’une industrie rodée.
👉 Les droits médiatiques ? En dehors des JO, c’est un produit de niche.
👉 Les sponsors ? Majoritairement issus du secteur outdoor, avec un engagement mesuré.
👉 Les prize money ? Un niveau de précarité qui va finir par faire fuir les sportifs de haut niveau.
Et pourtant, l’escalade cartonne sur le terrain : salles pleines, pratique en explosion, images spectaculaires qui séduisent le grand public… mais derrière, les compétitions peinent à se monétiser. Avec IRIS Sport Media aux commandes du business, l’IFSC espère changer la donne.
Qui est IRIS, et que veut-il faire de l’escalade ?
Derrière ce nom qui sent la start-up à succès, IRIS Sport Media est en réalité un cabinet de stratégie fondé en 2023 par Ioris Francini, un ex-IMG. Son job ?
👉 Maximiser les revenus des disciplines sous-exploitées.
👉 Attirer des investisseurs au-delà du cercle traditionnel.
👉 Transformer le sport en produit vendable à l’international.
L’entreprise s’est déjà illustrée en bossant avec LIV Golf (le circuit financé par le fonds saoudien PIF pour dynamiter la PGA), l’ATP Media (les droits du tennis pro) et la LFP française (ligue de football professionnel).
Ce qu’ils vendent ? Une vision du sport plus commerciale, plus télégénique, plus “bankable”. Et maintenant, c’est l’escalade qui passe au scanner du business plan.
Des opportunités… et un dilemme
D’un côté, on ne peut que se réjouir.
👉 Des compétitions mieux dotées.
👉 Plus d’opportunités économiques pour les athlètes, les marques et les organisateurs.
👉 Une audience élargie, et avec elle, de nouveaux investisseurs.
D’un autre, on connaît l’histoire. Dès qu’un sport tente de séduire les sponsors à grande échelle, il y a une contrepartie. Simplification des formats, mise en scène calibrée pour le live TV, montée en puissance des enjeux financiers au détriment de l’essence même de la discipline.
L’ombre de LIV Golf plane sur cette transition. Ce circuit, né de milliards saoudiens, a tout repensé :
👉 Durée des parties raccourcie.
👉 Show ultra-spectaculaire.
👉 Redistribution des gains, mais au prix d’un remodelage total de l’esprit du sport.
L’escalade veut-elle suivre cette route ? L’idée d’un circuit “premium” – où les enjeux médiatiques prennent le dessus sur l’authenticité de la discipline – pourrait créer un fossé entre l’élite et le reste de la communauté.
L’escalade peut-elle grandir sans se dénaturer ?
L’IFSC veut imposer un nouveau modèle économique à l’escalade de compétition. Plus structuré, plus ambitieux, et surtout plus rentable. Personne ne viendrait reprocher des prize money plus élevés ni sur une meilleure exposition du sport. Mais il faudra veiller à ce que cette mutation ne transforme pas l’escalade en un produit aseptisé, calibré pour séduire les annonceurs au détriment de son ADN.
L’IFSC et IRIS ont les cartes en main. Reste à voir si cette montée en gamme profitera à toute la discipline ou si certains se retrouveront avec une jambe coincées dans la corde pendant que d’autres tirent sur les dégaines du business.