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  • Photo du rédacteurCoralie Havas

Grimpeuses, l'événement raconté par Coralie

Quand on explique le concept derrière Grimpeuses, une question revient souvent : « Pourquoi un événement entre femmes ? ». C’est d’ailleurs la première interrogation qui m’est venue lorsqu’en 2018, Caroline Ciavaldini, athlète professionnelle, est venue me parler de son idée de créer ce rassemblement. À cette époque, je m’entraînais avec passion dans le but de grimper plus fort, aussi bien en compétition qu’en falaise. Et portée par ce désir de progression, je m’étais volontairement mise des œillères, renfermée sur moi-même pour me dédier pleinement à ma pratique. C’était égoïste, je le savais bien – et j’avais parfois un peu de mal à vivre avec ce sentiment.


Evenement Grimpeuses
© Loic Lemahieu

Je me suis longtemps questionnée sur la raison d’être d’un tel événement. Et pour être honnête, je n’y ai pas vu d’intérêt au départ. Avec du recul, je sais pourquoi : je regardais uniquement les choses à travers le prisme de mon parcours de grimpeuse. Sur ce point-là, j’ai été énormément chanceuse ! C’est bien simple, je n’ai jamais eu l’impression d’avoir de frein. Mon père m’accompagnait sur la plupart de mes compétitions, les garçons du club m’incitaient à participer à leurs concours de tractions et m’intégraient parfaitement lorsqu’en stage j’étais la seule du groupe. Rien n’est jamais parfait, bien sûr. Mais mon évolution dans le monde de l’escalade le fut presque. Elle a surtout principalement été teintée de bienveillance, exception faite de quelques remarques sur mon physique qui m’avaient incitée à perdre du poids pour « grimper plus fort ».


Et puis quoi qu’il en soit, guidée par un profond désir de progression, j’investissais les pan Güllich et les dévers des salles d’escalade. Tant pis si j’étais la plus nulle. Tant pis si j’étais bien souvent la seule femme.


Evenement Grimpeuses
© Loic Lemahieu

Un événement d’escalade au féminin, à quoi bon ?


J’ai décidé de m’ouvrir à l’idée de Grimpeuses parce que le projet venait de Caro. Rien de plus. Je l’avais rencontrée quelques années plus tôt. Elle me faisait en 2018 des planifications d’entraînement, m’accompagnait aussi dans mon évolution mentale de grimpeuse. De femme aussi – je ne m’en suis rendue compte que plus tard. J’ai alors décidé de tenter le coup. Passer un week-end de grimpe ensemble, chez nous, dans la forêt de La Capelle, dans le Sud de la France, ça allait forcément être chouette. J’en ai profité pour endosser la casquette de coach, une première pour moi.


Sept mois séparent les premiers balbutiements de Grimpeuses du premier événement. Ce fut étrangement la période la plus difficile de ma vie. J’ai arrêté mes études, sombré dans les troubles du comportement alimentaire et perdu une confiance si durement gagnée. Si bien que mes doutes sur Grimpeuses avaient évolué, passant de « pourquoi cet événement » à « vais-je être à la hauteur pour coacher ce groupe de débutantes ? ».


15 septembre 2018. Ça y est, je suis en route pour l'événement Grimpeuses. L'idée ? Une journée de grimpe entre femmes pour se dépasser. Préférant la solitude des grands espaces aux spots de grimpe bondés, aurai-je ma place ? Et puis au milieu de ces championnes, ne vais-je pas faire un peu tâche ? Pourquoi est-ce que j'y vais ? Me suis-je déjà sentie oppressée dans ma grimpe ? Bof.


Bon, en réfléchissant, peut-être. C’est arrivé dernièrement, quand on m’a dit que si j’avais « quelques kilos en moins », je serais plus performante. Mais on ose dire ça aux hommes aussi non ?


Créer un environnement propice à l’épanouissement de soi, en toute bienveillance


Au pied de ces blocs qui n'ont (presque) plus de secrets pour moi, je laisse les chaussons dans mon sac. Je suis là pour coacher, pas pour grimper, voilà ma décision. Très vite, la magie opère. Je dégaine de multiples conseils, me plais à encourager les filles et à observer une émulation, la même qui nous guidait avec les copains du club. Incroyable ! Pendant quelques heures, j'arrive à oublier mes doutes, à partager mon amour de l'escalade à ce groupe de débutantes qui ne demande qu’une chose : grimper.


En fin de journée, une grimpeuse, jusqu’alors timorée à l'idée d'aller « là-haut », va dans un bloc engagé. Elle avance avec détermination. Nos encouragements doivent y faire beaucoup. Une fois au sommet, elle réalise, avec beaucoup d’émotion, qu'elle est forte, qu'elle sait bien grimper et que pour oser dépasser ses peurs, il lui manquait seulement un brin de confiance.


Je comprends à ce moment-là qu’elle est là, la raison d’être de Grimpeuses. Créer un environnement propice à l’épanouissement de soi, en toute bienveillance. Et si dans tout ça, on peut inciter les filles qui le souhaitent à s’investir dans leur grimpe, ce n’est que du positif.


Evenement Grimpeuses
© Loic Lemahieu

La clé du succès de la dernière édition ? La dynamique des bénévoles


Le pouvoir transformateur de l’escalade, je le connais. Sans la grimpe, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. Mais ce n’est qu’à l’issue de la première édition de Grimpeuses que j’ai pris le temps de le conscientiser.


Je ne serais pas aussi forte physiquement, mentalement surtout. Et je n’aurais certainement jamais osé suivre mes aspirations les plus profondes. Cette évolution, je la dois à cette communauté de la grimpe. Je m’y sens bien. À ma place. C’est un sacré sentiment de se sentir en parfaite cohérence avec son environnement ! Voilà ce que je vis avec l’escalade – j’ai de la chance, je le sais.


Six ans ont passé depuis la première édition de Grimpeuses. J’ai grandi, suis devenue adulte et en ai profité pour faire le point sur mes envies. Résultat ? J’aime autant grimper, m’épanouir dans ce sport, que transmettre l’escalade. Ces deux aspects sont complémentaires, contribuent à mon épanouissement. Je m’en suis encore rendue compte lors de l’édition à Paris, les 25 et 26 mai 2024, lorsque j’ai vu des filles aux sommets de leurs premiers blocs en extérieur. Quelle fierté de lire ce sentiment de satisfaction sur leur visage ! Savoir que l’on a contribué à leur procurer quelques instants de joie nous booste pour écrire la suite de l’aventure de Grimpeuses.


Un projet initié par Caro en 2018 auquel j’ai très vite pris part. Et après quelques années à ramer toutes les deux pour faire vivre Grimpeuses, nous sommes désormais huit bénévoles à porter les deux événements annuels (le prochain arrive très bientôt, à Ailefroide, les 15-16 juin), les stages et à réfléchir à un tas d’autres moyens de transmettre notre passion pour l’escalade. Notre dynamique est incroyable. Elle fut sans aucun doute la clé de la réussite de l’édition parisienne.


Je suis aujourd’hui hyper reconnaissante d’avoir la chance d’y prendre part.

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