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FFCAM : Huit ans d’ascension, avant un nouveau sommet ?

Photo du rédacteur: Pierre-Gaël PasquiouPierre-Gaël Pasquiou

Le 15 mars 2025, la FFCAM entre dans une nouvelle ère. À Chalon-sur-Saône, lors de son assemblée générale, la fédération tournera la page d’une présidence à trois têtes. Sylvie Guérin, Rémy Mullot et Nicolas Raynaud, qui a dirigé la FFCAM pendant huit ans avant d’opter pour une gouvernance partagée en 2023, ne se représenteront pas. Un moment charnière, alors que la montagne continue de muter sous l’effet du changement climatique, de l’évolution des pratiques et des dynamiques politiques.


FFCAM présidence
© FFCAM

En huit ans, la fédération a pris de l’ampleur : plus de licenciés, plus de clubs, plus d’actions environnementales, plus de refuges rénovés. Mais cette montée en puissance s’est faite dans un équilibre précaire, entre gestion des flux en montagne, enjeux écologiques et réformes internes. L’heure est au bilan.


Une fédé qui grimpe, mais jusqu’où ?


On ne pourra pas leur reprocher d’avoir laissé la FFCAM végéter. Depuis 2017, la fédération a connu une croissance nette :


  • +22 % de licenciés (115 000 en 2024).

  • +23 % de clubs (445 aujourd’hui).

  • +600 % de groupes féminins (21 en 2024 contre 3 en 2016).

  • +102 % de mineurs inscrits.


Les chiffres traduisent une dynamique réelle. La FFCAM a su séduire de nouveaux pratiquants, rajeunir son public et s’ouvrir à des profils plus variés. Un développement porté par un gros travail sur l’offre : des écoles de jeunes plus nombreuses, un accès facilité aux pratiques, et une mise en avant des initiatives locales à travers un maillage renforcé des clubs et des comités régionaux.


Mais plus de monde en montagne, c’est aussi plus de défis à gérer. « On est pris en tenaille entre une montagne qui s’écroule en haut et prise d’assaut par le bas », résume Nicolas Raynaud. Car si la montagne attire, elle se transforme aussi sous l’effet du réchauffement climatique. La FFCAM a dû adapter son approche : sensibilisation, formation, encadrement… tout en jonglant avec la contradiction inhérente à la popularisation des pratiques outdoor : protéger sans interdire.


Dent Parrachée refuge
© Jean-François Chabert

Des refuges à rénover, et vite


Un des chantiers majeurs de ces deux olympiades a été la rénovation des refuges. Enjeu patrimonial, mais surtout écologique et économique. Depuis 2017, la FFCAM a mené un plan décennal ambitieux pour moderniser ses infrastructures :


  • 8 refuges totalement rénovés, dont le Col de la Vanoise et Temple Écrins.

  • 3 chantiers en cours (Brèche de Roland, Sancy, Arrémoulit).

  • 5 sites en phase d’études avancées.

  • 2 projets abandonnés.


Le nerf de la guerre : rendre ces structures plus autonomes énergétiquement, réduire leur impact et les adapter à l’évolution de la fréquentation. Mais entre financements aléatoires et complexité de rénovation en site isolé, le dossier reste sensible. Pour l’instant, l’effort est tangible, mais il reste du chemin à parcourir.


FFCAM
© Jocelyn Chavy

Structuration fédérale : l’ère du professionnalisme ?


La gouvernance Raynaud a aussi marqué un tournant organisationnel. Loin d’être une simple association de bénévoles passionnés, la FFCAM a consolidé son fonctionnement avec :


  • La création d’antennes régionales à Chambéry et Toulouse.

  • Un recrutement accru de chargés de développement.

  • La mise en place d’une équipe de direction salariée.


Des évolutions qui traduisent un passage à une gestion plus professionnelle, dans un contexte où la fédération doit composer avec des enjeux institutionnels grandissants. En 2022, la FFCAM a décroché la délégation pour l’escalade sur glace. Un symbole : après des décennies à être perçue comme la fédération des alpinistes et randonneurs, elle s’est affirmée comme un acteur du sport structuré.


Les liens avec la FFME et la FFS se sont renforcés, et la fédé s’est imposée comme un interlocuteur clé sur les politiques montagne. Mais cette reconnaissance a un prix : celui d’une place à défendre, dans un paysage fédéral en constante recomposition.


Le passage de relais : continuité ou rupture ?


La nouvelle équipe qui prendra les rênes en mars 2025 hérite d’une fédération en pleine expansion, mais qui doit encore prouver qu’elle peut assumer ses ambitions sans se heurter aux contradictions du secteur.


Si ces dernières années ont permis de structurer l’offre et d’augmenter la base de pratiquants, les défis à venir ne seront pas plus simples :


  • Quelle stratégie pour gérer l’afflux de pratiquants sans saturer les milieux naturels ?

  • Comment poursuivre la modernisation des refuges sans alourdir la charge financière ?

  • Jusqu’où aller dans la professionnalisation sans perdre l’âme associative ?


Le bilan des huit dernières années est là : la FFCAM a pris du volume, structuré son action et consolidé son ancrage dans le paysage montagnard. Mais toute ascension a son point critique. À la prochaine équipe de savoir jusqu’où pousser l’altimètre, et à quel prix.


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