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L’Everest s’envole : l’ascension coûte (beaucoup) plus cher

Photo du rédacteur: Pierre-Gaël PasquiouPierre-Gaël Pasquiou

L’Everest, c’est le rêve ultime des alpinistes, mais à partir de septembre 2025, il faudra aussi rêver d’un compte en banque bien garni. Le Népal a annoncé une hausse de 36 % des tarifs pour les permis d’ascension. Traduction : gravir le sommet coûtera 13 800 € pendant la saison de printemps – le moment idéal pour poser the photo au sommet. Même les saisons moins courues, comme l’automne et l’hiver, voient leurs prix grimper à respectivement 6 900 € et 3 400 €.


Everest

Le Népal justifie cette inflation vertigineuse par trois arguments : moins de touristes, plus de sécurité, et des montagnes plus propres. Bref, un prix premium pour un Everest qu’on promet enfin VIP. Mais derrière les chiffres et les grandes promesses, le "toit du monde" révèle une réalité bien plus glissante : surfréquentation, tourisme de luxe et gestion écologique sous perfusion.


Le sommet des bouchons


Sur l’Everest, on pensait que la zone de la mort était réservée aux alpinistes solitaires et intrépides. Erreur. Depuis 2019, l’image d’une file d’attente interminable, capturée par le grimpeur Nirmal Purja (Nims Dai), a fait le tour du monde. On y voit des grimpeurs coincés à 8 848 mètres, serrés comme des sardines, à attendre leur tour pour poser un pied au sommet. On aurait presque envie de leur dire : "Respirez un coup !"… sauf que l’oxygène est une denrée précieuse à ces altitudes.


À l’époque d’Edmund Hillary et Tenzing Norgay, en 1953, seules deux expéditions étaient autorisées chaque année. Aujourd’hui, c’est un autre délire : plus de 450 permis délivrés chaque printemps, auxquels il faut ajouter guides et sherpas, pour accompagner généralement des touristes à peine plus préparés qu’un randonneur du dimanche.


Le résultat ? Une montagne bondée, où le danger ne vient plus seulement des avalanches ou des crevasses, mais des embouteillages à haute altitude. Un Everest version autoroute un week-end de chassé-croisé.


Une montagne transformée en décharge


Outre les bouchons, l’Everest est confronté à un autre problème majeur : les déchets. Tentes abandonnées, bouteilles d’oxygène vides, emballages plastiques… la montagne ressemble parfois davantage à une décharge publique qu’à un sanctuaire. En 2019, le gouvernement népalais a lancé des campagnes annuelles de nettoyage, récoltant depuis 119 tonnes de déchets, et, plus macabre, 14 corps humains figés dans la glace. Mais malgré ces efforts, les pentes du géant restent jonchées de détritus.


Pour tenter de freiner cette dégradation, le Népal impose désormais des sacs biodégradables aux grimpeurs, notamment au-dessus des 8 000 mètres. L’idée ? Que chaque alpiniste redescende avec ses déchets. Un pas dans la bonne direction, mais face aux tonnes de déchets déjà accumulées, difficile de croire à une révolution écologique.


Un rêve pour les plus riches


Avec ces hausses de prix, l’Everest s’affiche encore un peu plus comme un produit de luxe. Pour les grimpeurs étrangers, déjà habitués à des expéditions coûtant entre 50 000 et 70 000 €, ce n’est qu’un chiffre de plus à avaler. Mais pour les alpinistes népalais, la facture fait mal. Leur permis, qui coûtait environ 800 €, passe à 1 600 €. Un doublement qui, pour beaucoup, ressemble davantage à une barrière d’entrée qu’à un geste pour leur patrimoine.


Et chez les voisins ?


L’Everest est peut-être le toit du monde, mais il n’est pas le seul à monnayer ses pentes. Le K2, au Pakistan, reste largement plus abordable : environ 300 € pour un permis. Mais son ascension, réputée bien plus dangereuse, en fait un défi réservé aux vrais puristes.


Du côté de la Chine, la face nord de l’Everest joue dans une autre catégorie : jusqu’à 40 000 € pour tenter l’aventure, avec des réglementations si strictes qu’on se demande si le plus dur de l'ascension ne se passe pas dans les bureaux administratifs de Pékin.


Un rêve pour l'élite ?


Gravir l’Everest, c’est plus qu’un exploit : c’est un rêve, un Graal. Mais à force d’en faire un produit de luxe, le risque est grand de transformer ce sommet légendaire en un privilège réservé à une élite.


Le Népal promet que ces nouveaux fonds serviront à préserver l’Everest, à sécuriser les ascensions et à lutter contre les déchets. Mais sans une régulation stricte du nombre de permis, ces bonnes intentions risquent de rester en bas de la montagne. Et pendant ce temps, l’Everest continue de grimper : ses prix, ses déchets, et les questions qu’il pose sur l’avenir du tourisme de haute altitude.


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