Là-haut, y’a du gaz (et des refuges)
- Pierre-Gaël Pasquiou
- 6 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 mars
Un refuge, c’est un peu comme un camp de base pour alpinistes fatigués, randonneurs transpirants et grimpeurs un brin masochistes. Ça sent la chaussette, la soupe lyophilisée et le grésillement du talkie du gardien qui annonce qu’il n’y a plus de bière (panique). Mais c’est aussi le point de départ idéal pour aller poser ses chaussons sur du caillou bien frais.
Et ça, la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne) l’a bien compris en bichonnant quelques spots d’escalade autour de ses refuges. Coup de projecteur sur deux de ces camps de base perchés, où l’on grimpe entre ciel et pierres.

Refuge de Maljasset : bienvenue chez les ermites des Alpes
L’Ubaye, c’est le genre d’endroit où tu peux passer une semaine sans croiser autre chose qu’un bouquetin et un randonneur en collants. Le refuge de Maljasset, posé à 1 905 mètres, ne fait pas exception. C’est sauvage, minéral, avec un silence à faire pâlir un moine trappiste. Et pour ceux qui aiment la verticalité, le coin a de quoi satisfaire leur penchant pour les hauteurs.
Depuis 2021, le site de la Tête du Sanglier a été entièrement rééquipé dans le cadre des stages Héritage Ouvreurs. Fleur de rocaille (5c) et Les Jardins d’Amandine (6a et 5c) offrent une belle entrée en matière pour qui veut s’essayer à la grande voie sans trop transpirer du baudrier. Nouveaux points plus visibles, relais tout frais, et cerise sur le sommet, une sortie par le haut qui évite le rappel de l’angoisse.
📍 Accès refuge : parking du hameau de Maljasset, 100m de marche (faut pas déconner non plus)
⏳ Approche site : 30 minutes à pied (ou 5 minutes en voiture + marche)

Refuge du Maupas : pour ceux qui aiment les Pyrénées... et le cardio
Un refuge perché à 2 450 mètres, 4h30 d’ascension, 1 300 mètres de dénivelé, et aucun distributeur de Snickers à l’arrivée. Bienvenue au refuge du Maupas, perché au-dessus de Luchon, avec une vue à tomber (littéralement, si tu ne fais pas gaffe). L’accès se mérite, mais une fois là-haut, c’est une autre histoire : les Crabioules, Superbagnères, le pic du Maupas... une carte postale grandeur nature.
Et côté grimpe ? Le CAF a équipé un site en granit, exposé sud-ouest, avec 12 voies du 5c au 7b+ et deux grandes voies de deux longueurs. Rocher solide, adhérence au top, et une approche qui se fait en 15 minutes depuis le refuge (sauf si t’as des cuisses en béton, là ça peut être dix).
📍 Accès refuge : 4h30 depuis le parking de l'Ô Berges du Lys (1300m D+)
⏳ Approche site : 15 minutes de marche

Stages Héritage Ouvreurs : pour éviter les spits rouillés de 1984
L’escalade, c’est bien. L’escalade sur des points en bon état, c’est mieux. Parce que même si l’engagement, c’est noble, personne n’a envie de tester la résistance d’un spit rouillé en direct live. La FFCAM, en bonne gardienne des falaises alpines, a donc lancé les stages Héritage Ouvreurs. L’idée ? Former une nouvelle génération d’équipeurs, pour entretenir les itinéraires et remplacer les points trop vintage pour être honnêtes.
On ne parle pas que de perçage et de scellements, mais aussi de choix de ligne, de logique d’ouverture et de transmission des savoirs. Bref, un taf de l’ombre qui permet aux grimpeurs d’aujourd’hui de ne pas finir en statue de crash test grandeur nature.
Grimper, oui. Mais avec style.
Un refuge, c’est plus qu’un dortoir avec une file d’attente pour la soupe. C’est une base arrière, un endroit où l’on se pose avant d’aller chercher des sensations ailleurs. Maljasset et Maupas offrent ce mix parfait entre solitude, engagement et rocher bien né.
Alors si t’as envie de changer des salles et du pan Güllich, va te perdre un peu là-haut. Y’a de l’air frais, du gaz sous les chaussons, et surtout, des voies qui valent le coup d’être grimpées.