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L’escalade, un moyen de survivre au burnout ?


Illustration Héloïse Niord-Méry / Lowiz
Crédit : Héloïse Niord-Méry / Lowiz (également rédactrice de cet article)

Grimper pour sa santé mentale. Ça parait absurde, dit comme ça, pourtant la pratique de l’escalade peut s’avérer salutaire, tant pour notre santé physique que mentale. Qu’elle fasse office de soupape pour évacuer le stress ou pour vous épauler dans votre parcours thérapeutique face au burnout*, voici quelques raisons de vous y mettre, que ce soit de manière préventive ou curative.


1 - Apologie de la lenteur

Une session de grimpe vous prendra en moyenne deux bonnes heures. Pendant 120 minutes, laissez votre téléphone au vestiaire, et déconnectez. Vos mains ne sont pas sur un clavier, vos yeux ne sont pas sur un écran, et vous êtes trop concentré·es sur ces instruments de torture qui vous détruisent les pieds (qui a appelé ça des “chaussons” ?) pour penser à vos soucis. Sur le mur, on prend le temps.

Si vous êtes en arrêt de travail, profitez-en pour découvrir le bonheur ultime d’être dans une salle d’escalade déserte en pleine journée, pour faire les choses à votre rythme, sans personne pour vous regarder, ni personne à qui se comparer.


2 - “Forcer à quitter”

L’escalade est une sorte de puzzle vertical, qui se résout avec le corps. Face à votre casse-tête, si vous n’êtes pas concentré·e, c’est la chute assurée. Alors quand notre cerveau ne s’arrête plus et surchauffe en permanence, entraînant migraines, fatigue chronique, troubles du sommeil… L’escalade permet de forcer le cerveau à s’arrêter le temps d’une session. Un peu comme si vous forciez à quitter une application buggée qui pompe toute la bande passante de votre ordinateur. Si seulement le ⌘+alt+escape / Ctrl+Maj+Echap pouvait marcher dans la vraie vie…


3 - Prendre un peu de hauteur (littéralement et métaphoriquement)

Lorsque le corps est soumis à un stress permanent et quotidien, nous passons en mode survie, et perdons parfois le sens des priorités.

Bien que vous soyez globalement en sécurité en salle, l’escalade reste un sport à risque, et votre cerveau en percevra plus ou moins les impacts. L’adrénaline sécrétée par la peur lorsqu’on se retrouve à plus de 10 mètres au-dessus du sol vous aidera peut-être à remettre un peu d’ordre dans vos priorités. Tenir littéralement la vie de votre binôme entre vos mains quand vous l’assurez vous aidera peut-être à re-calibrer ce que vous considérez comme une situation de vie ou de mort. Ce dossier “urgent” vaut-il vraiment la peine de bousiller votre santé, vos amitiés, votre sommeil ? Est-il vraiment “vital” de faire toutes ces heures supplémentaires ?


4 - Head, shoulders, knees and toes (knees and toes)

Comme dans beaucoup de sports, l’escalade sera votre plus grande dealeuse d’endorphines. Ces hormones - dites “du bonheur” - ont une action anxiolytique, antalgique et relaxante. Mais au delà de la simple activité physique, vous allez travailler :

les doigts / poignets / coudes, mis à rude épreuve lorsque l’on passe sa journée sur un clavier le haut du dos, en souffrance lorsque vous enchaînez les journées assis·e, face à votre bureau votre “core” (les abdos quoi). Au-delà de l’esthétique, cela risque fort d’améliorer votre posture, et votre transit vos yeux. Vérifier que votre binôme a bien clippé sa dégaine 13 mètres au-dessus du sol, ça va vous changer de fixer votre écran à 30 cm de votre visage

et évidemment, votre musculature globale !

En revanche, il y a de fortes chances pour que vous vous retrouviez avec des bleus surprises partout sur le corps. Bon, on ne peut pas tout avoir !


5 - Et la tête, alouette ?

Donc, la grimpe c’est physique, mais ce n’est pas qu’un truc de bourrin. Pour atteindre les sommets, il vous faudra jongler entre votre peur, les manipulations de cordes, et un casse-tête bien particulier, que l’on appelle : la lecture de voie. Départ main gauche, pied droit sur le graton, changement de pied, repos pour clipper… Cette chorégraphie a le mérite de réquisitionner toute votre concentration, mais également de vous apporter une rétribution quasi-instantanée. C’est raté ? On recommence. Ça passe ? Génial, passons au mouv’ suivant. Et le mieux dans tout ça ? Pas de chef·fe, pas de note, pas de délai à tenir. Ça se passe entre vous et le caillou (ou la résine). C’est une succession de challenges que VOUS choisissez, et qui vous redonneront peut-être un peu de fierté et de confiance en vous.


6 - Le droit d’être mauvais·e

Un truc génial à l’escalade, c’est qu’on a le droit d’être nul·le. On a le droit de venir pour enchainer toutes les jaunes de la salle de bloc. On a le droit de faire 3 voies et décider que c’est suffisant. On a le droit d’arrêter juste avant la prise de fin (c’est ma spécialité), de dire “c’est pour les grands”, “c’est mal ouvert”, “la prise bouge”, et autres expressions de votre mauvaise foi. Et vous aurez beau grimper dans le 5a depuis 3 ans, vous rendrez toujours votre binôme heureux·se avec ces trois mots : “viens, je t’assure”. On s’en fout que vous soyez mauvais·e, médiocre, nul·le, pas en forme. La pression de la performance, vous l’avez déjà au boulot, dans vos études, pas besoin de vous la mettre sur le mur.


7 - Bienvenue à Grimpeland

Quand on passe la majorité de son temps au boulot et que le boulot nous rend malade, ou qu’au contraire on se sent isolé·e, rencontrer de nouvelles personnes peut être salutaire. Pas besoin de devenir BFF, mais le temps d’une ou plusieurs sessions, l’escalade tissera des liens forts dans votre cordée. En salle, vous croiserez en pleine journée des freelances, des chercheurs/chercheuses, des chômeurs/chômeuses, parfois quelques étudiant·es et des retraité·es… Beaucoup de profs pendant les vacances scolaires, et un peu tout le monde de manière indifférenciée le soir et le weekend. En bref, autant de gens que de parcours différents, que vous n’auriez probablement jamais rencontrés autrement. Suivant les salles et les pratiques (bloc ou voie) les ambiances peuvent être différentes. Il existe des groupes WhatsApp, Telegram, Facebook pour trouver des binômes de grimpe. Et sur place, n’hésitez pas à vous donner rdv pour la prochaine session.


8 - Seul·e on va plus vite, ensemble on va plus haut

Inclusive, l’escalade ? Et bien oui, contre toute attente. Peu importe votre genre, votre âge, votre couleur de peau et même votre nombre de jambes, vous pouvez grimper ensemble. Évitez une trop grande différence de poids assureur / grimpeur, et veillez bien à être en sécurité côté manips de cordes. À part ça… Un débutant d’1m60 peut grimper sans problème avec une initiée d’1m80. C’est ça la beauté de la grimpe, on n’est pas tous·tes à égalité, mais on est tous·tes sur le même caillou.


9 - Safe space

Alors, oui, c’est super de faire des rencontres, et de grimper en mixité, mais on vous voit venir ! La grimpe c’est sérieux, on n’est pas là pour faire son shopping dating. Une erreur d’inattention peut coûter cher, on reste donc concentré·es. La plupart des salles d’escalade exigent une “tenue correcte” (allez hop, on remet son t-shirt), et la très grande majorité des grimpeurs et grimpeuses adoptent une attitude très bienveillante au pied des voies : on vérifie que les autres ne se blessent pas, on s’entraide, on se conseille. C’est également une pratique historiquement plutôt de gauche, ne vous étonnez donc pas si vous rencontrez des antiracistes, écolos, queers, féministes, plus ou moins militant·es, dans tous les cas à cheval sur la tolérance et le partage.


10 - L’escalade, c’est la vie

On ne vous promet pas un parc d’attraction, mais l’escalade vous apportera son lot de rollercoasters émotionnels. Entre la gestion de la peur, l’envie de se surpasser, les courbatures qui vous rappellent que vous êtes sorti·es de votre lit aujourd’hui, les rencontres qui vous sortent la tête de votre quotidien, la satisfaction de réussir, la frustration d’échouer, la fierté de persévérer, la grimpe ne sera jamais monotone. En plus de vous reconnecter avec vos émotions parfois complètement éteintes par le stress ou la dépression, elle vous reconnecte avec votre corps. Vous qui aviez peut-être l’impression qu’il vous lâchait dernièrement, avec tous ces problèmes de santé en cascade, finalement il ne tient pas si mal le coup quand vous le mettez dans un dévers !



Voilà, on espère que cet article vous aura convaincu·e de passer la porte d’un cours d’initiation, ou de relancer ce·tte pote qui vous propose systématiquement de l’accompagner. Bloc, vitesse, voie, falaise, grande-voie, alpi… les possibilités sont infinies, il y a forcément une pratique pour vous ! Et s’il y a bien quelque chose que les grimpeurs et grimpeuses adorent faire, c’est partager leur passion.


En attendant de vous croiser en bas des voies, on vous souhaite de prendre soin de vous (et d’investir dans une paire de chaussons confortables pour démarrer - ça va, nos orteils ne sont pas venus ici pour souffrir, ok ?).


*Le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel en français, se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental, qui peut évoluer vers la dépression ou l’anxiété. S’il n’est pas considéré comme une maladie, la souffrance psychique causée ou aggravée par le travail est malheureusement extrêmement fréquente. N’hésitez pas à consulter : médecine du travail, psychologues du travail, psychothérapeutes, psychiatres, médecins généralistes…


Article rédigé par Héloïse Niord-Méry.

DEUX FOIS PAR MOIS,
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