Escalade et biodiversité : un pacte pour la faune sauvage
- Pierre-Gaël Pasquiou
- 15 janv.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 janv.
Dans le petit monde des grimpeurs, on l’attendait comme un bon topo sur un secteur oublié : la FFME et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) viennent de signer une convention de partenariat. Pas vraiment un big bang, mais une formalisation qui scelle une évidence. Car grimper sur une falaise, c’est aussi grimper sur un territoire où nichent, s’alimentent et survivent des créatures parfois plus vulnérables que les mains toutes douces d’un grimpeur débutant.

Cette signature n’a pas eu lieu dans un bureau austère, mais au Salon de l’Escalade, là où la passion grimpe aussi haut que les cotations. Une poignée de main entre Alain Carrière, président de la FFME, et Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, et le sort des aigles et autres faucons pèlerins se retrouve, sinon gravé dans le granit, au moins signé sur papier.
Quand le grimpeur joue les squatteurs
L’escalade en milieu naturel, c’est beau, c’est brut, mais c’est aussi une intrusion. Une incursion dans un espace qui, soyons honnêtes, n’a pas attendu les crash pads et les baudriers pour exister. Derrière les enchaînements spectaculaires et les relais de fortune, il y a une faune sauvage qui partage les mêmes vires, fissures et aplombs.
Faucons en pleine parade, aigles royaux en nidification, chamois curieux, bouquetins stoïques : tout ce beau monde vit sa vie pendant que nous jouons aux équilibristes. Mais la cohabitation a ses limites. Un dérangement au mauvais moment, c’est parfois une saison de reproduction fichue.
Pour la FFME, il était temps de prendre les choses en main. Pas question que les grimpeurs passent pour des bulldozers en collant. Cette convention, c’est l’occasion de montrer que pratiquer en extérieur, c’est aussi respecter l’environnement. On peut aimer la falaise sans écraser tout ce qui y vit.
« Cette collaboration entre la LPO et la FFME témoigne de notre volonté commune de promouvoir des pratiques sportives prenant en compte la fragilité des écosystèmes. J’invite le Ministère de la Transition écologique et celui des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, à faire en sorte que cette démarche exemplaire puisse être étendue à d’autres activités de plein air. »
partage Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.
Une convention qui parle vrai
Le document signé n’est pas un simple exercice de style. Il pose les bases d’une collaboration concrète, loin des discours creux. Au programme :
Cartographie des zones sensibles : Identifier où les enjeux sportifs et écologiques se croisent, pour éviter les conflits.
Actions ciblées : Fermetures temporaires en cas de nidification ou aménagements spécifiques pour limiter les impacts.
Dialogue renforcé : Les structures locales des deux organismes travailleront ensemble pour gérer les situations tendues.
Éducation des pratiquants : Des outils pédagogiques pour que chaque grimpeur devienne un allié de la biodiversité.
« Nous nous réjouissons de ce partenariat avec la LPO, qui symbolise un engagement fort de notre part en faveur de la préservation de l’accès aux sites naturels tout en étant acteurs de la protection de l’environnement. Ensemble, nous montrerons qu’il est possible d’allier pratique de l’escalade et respect de la biodiversité. »
précise Alain Carrière, président de la FFME.
Grimpeurs, votre mission si vous l’acceptez
Évidemment, tout cela repose sur un point clé : l’implication des grimpeurs. Car une convention ne change rien si elle reste dans un tiroir. Pour que ça fonctionne, il faudra des efforts partagés : adapter ses horaires, éviter les secteurs fermés, et peut-être même accepter de faire demi-tour quand un panneau indique « zone sensible ».
Certains diront que c’est une concession de trop, mais soyons sérieux : la beauté d’une voie réside aussi dans la richesse de ce qui l’entoure. Et protéger cet écosystème, c’est garantir que les générations futures grimperont encore sous le regard curieux d’un bouquetin ou le cri lointain d’un faucon.
Le compromis sur la corde raide
Alors, tout est réglé ? Pas si vite. La cohabitation est un art subtil, et ce partenariat ne suffira pas à lui seul. Entre les fermetures de sites mal comprises et les enjeux locaux souvent complexes, il y aura des ratés. Mais ce pacte montre une chose : les grimpeurs ne sont pas seulement des visiteurs, ils sont aussi des gardiens.
La prochaine fois que vous serez suspendu sur une prise fuyante, pensez à lever les yeux. Pas seulement pour chercher la prochaine dégaine, mais pour contempler ce que vous aidez à préserver. Parce qu’au fond, grimper, c’est aussi ça : trouver l’équilibre, même là où tout semble glisser.