L’entraînement en escalade pourquoi et comment ? Ou 4 bonnes raisons de s’entraîner !
Cet article s’inscrit dans une série d'articles dédiés à l’entraînement en escalade. A travers ces publications, nous visons à expliquer ce qu’est l’entraînement, clarifier certaines notions, comprendre son intérêt, se forger une opinion, donner des astuces pour prendre davantage de plaisir, et savoir quand se faire accompagner par un professionnel. Cependant, il ne s’agit pas de fournir une recette magique ni une formation accélérée sur le sujet.
Entrons dans le vif du sujet et définissons la notion « d’entraînement ». Qu’est-ce que s’entraîner signifie ?
Pour Stéphane Morin « entraîner, c’est préparer méthodiquement, harmonieusement une personne pour atteindre un objectif ». S’entraîner nécessite donc de définir un objectif et d’organiser les séances pour l’atteindre. Ces deux points feront l’objet d’un article spécifique. En escalade cela implique d’optimiser le contenu des séances.
On peut également définir l’entraînement comme la « domestication de l’ego du sportif ». Tout entraînement passe nécessairement par des variations de l’état de forme. Le grimpeur verra donc son état de forme fluctuer, ce qui peut être difficile à accepter. Qui aime voir son niveau diminuer même si cela est ponctuel ? Qui n’a jamais pesté lorsqu’il ne bougeait plus dans un bloc à la salle alors que la semaine précédente, il était « rando » dedans.
A cela s’ajoute que l’organisation harmonieuse des séances nécessite également de ne pas toujours faire ce que l’on a envie. Autrement dit, s’entraîner c’est faire des choix et accepter de réaliser certains exercices ou certaines séances à des moments-clés pour progresser en toute sécurité. Par exemple, lorsque l’on est en plein cycle de force max sur les doigts, il serait imprudent d’enchaîner les séances « a muerte » dans son projet sur micro-arquée.
Même lorsque l’émulation est là, que nos partenaires de grimpe nous motivent et que l’on se sent bien. C’est dans ces moments que l’entraîneur fait la différence. Il est là pour vous permettre de prendre du recul et du plaisir à chaque séance. Ce qui est probablement la clé du succès. N’oublions pas que dans la définition de S. Morin il y est aussi question d’harmonie. Il faut donc composer avec cette entité si particulière qu’est le grimpeur.
Pourquoi s’entraîner ?
1. Pour progresser
Si vous faites toujours la ou les mêmes séances il y a fort à parier pour que vous arriviez à un plateau et que votre niveau stagne. Beaucoup de grimpeur suivent une routine : grimper deux soirs par semaine et une ou deux fois le week-end. Les séances sont globalement toujours les mêmes. Après un échauffement plus ou moins élaboré, on essaye les nouveaux blocs ou voies de la semaine. Ensuite on met des essais dans les projets du moment et lorsque l’on est fatigué ou qu’il est l’heure, on s’arrête. Il n’y a aucun mal à fonctionner ainsi et sur le plan motivationnel cela peut-être extrêmement judicieux. Néanmoins, le stimulus étant toujours le même, on ne progresse plus car le corps fini par s’adapter. Cette stagnation ou du moins ce sentiment de ne plus progresser peut-être source de démotivation, d’ennui ou de lassitude. Cela nous amène à la seconde bonne raison de s’entraîner.
2. S’entraîner pour s’amuser plus
Cela peut surprendre et même paraître paradoxale, mais en organiser méthodiquement et harmonieusement son temps de pratiques génère de nouveaux temps forts. L’alternance de moments qualitatifs et quantitatifs permet de générer et de percevoir des progrès et des sensations nouvelles. Prendre le temps de chercher la maîtrise, l’aisance et ou le relâchement dans un passage est source de satisfaction.
Il en est de même avec une séance où l’on va faire de la haute intensité et où l’on va puiser dans ses réserves. Ce sentiment d’avoir forcé et d’être vidé est également source de bien-être. Cette alternance des charges, qui est un des principes de l’entraînement, nous amène à la troisième bonne raison : grimper mieux et plus longtemps.
3. Pour réduire le risque de blessure
L’organisation méthodique et harmonieuse permet à l’organisme de s’adapter. Si l’on reprend nos grimpeurs qui ont toujours la même routine, ils vont progressivement se stéréotyper dans un type d’effort. S’il vous arrive de faire ponctuellement des séances dans une autre une salle où les voies sont un peu plus longues alors vous connaissez certainement cette sensation. Celle « d’exploser » toujours à la même hauteur, correspondant à celle de votre mur favori.
L’autre risque est celui de la surutilisation ou de la surcharge d’une structure. Par exemple, ne faire que des blocs en compression sollicitent énormément des épaules et augmentent les risques de blessures sur cette articulation. S’entraîner permet de s’ouvrir à d’autres styles d’escalade de manière progressive et ludique réduisant ainsi le risque de blessure.
4. Pour optimiser son temps
Nous ne sommes pas athlètes de haut niveau et nous ne pouvons pas dédier la majeure partie de notre temps à notre activité favorite. En organisant méthodiquement et harmonieusement les séances et leur contenu on optimise le temps. S’entraîner, c’est aussi élaborer un cadre adapté et adaptable a notre quotidien, évitant ainsi de sortir d’une séance avec le sentiment de ne pas avoir pleinement profité.
En conclusion, nous avons pu voir quatre bonnes raisons de s’entraîner : pour progresser ou performer ; pour entretenir sa motivation ; pour limiter les blessures ; pour être plus efficace. Il existe bien sûr plein d’autres raisons, certaines seront beaucoup plus personnelles et significatives.
Au travers de cette série d’articles, que vous retrouverez dans la rubrique conseil de Vertige Media, nous aborderons d’autre thématiques. Cela permettra d’appréhender l’entraînement autrement. S’entraîner en escalade ne se résume pas à faire une séance de poutre, enchaîner les circuits training ou les exercices sur le pan Gullich. S’entraîner, c’est aussi une façon de prendre davantage de plaisir en escalade. C’est notamment cette vision-là de l’entraînement que nous vous présenterons. En attendant n’oublions pas que l’escalade est un jeu, alors « enjoy ».