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Les salles d’escalade en chute libre ? Quand la croissance grippe, les chiffres flippent

Photo du rédacteur: Lucie RichardLucie Richard

Depuis 20 ans, l’escalade indoor était en mode ascension libre : une industrie en plein boom, des salles qui s’ouvraient comme des champignons après la pluie, et un engouement qui semblait inarrêtable. Sauf que depuis quatre à cinq trimestres, plusieurs acteurs du marché nord-américain commencent à tousser. Croissance en berne, fréquentation stagnante, questionnements stratégiques.


Aux États-Unis, le sujet est devenu suffisamment brûlant pour être le fil rouge du prochain CWA Summit, le plus gros événement pro du secteur, qui se tiendra en avril à Salt Lake City. La Climbing Wall Association (CWA) a même lancé une enquête pour tenter de mesurer l’ampleur du phénomène et donner aux patrons de salles quelques clés pour éviter la chute.


Marché des salles d'escalade

On parle ici du marché US, mais la question résonne aussi en France, où la dynamique d’ouverture des salles et la diversification du public ont suivi des trajectoires similaires. Alors, est-ce un trou d’air passager ou un vrai tournant ? Décryptage.


Une industrie qui a connu des montagnes russes


Si l’escalade indoor a explosé ces deux dernières décennies, elle n’a jamais été un long fleuve tranquille. À chaque phase de boom a succédé un ralentissement, avant de repartir de plus belle.


2000s : L’essor malgré la bulle Internet


Dans les années 2000, alors que la bulle Internet éclate et entraîne l’économie dans un grand 8, l’escalade indoor grimpe sans trembler. Des salles poussent aux quatre coins des États-Unis et d’Europe.


2008 : La crise financière et la surprise


Quand la crise des subprimes frappe en 2008, les loisirs sont censés être les premiers à trinquer. Mais en réalité, certaines salles profitent du phénomène des staycations (les vacances à domicile), qui pousse les Américains à chercher des activités locales et abordables.


Post-COVID : L’euphorie puis le retour à la gravité


Après la pandémie, l’escalade devient un phénomène de société :


  • JO de Tokyo en 2021,

  • Popularisation à grande échelle,

  • Salles qui s’ouvrent en rafale.


Mais ces derniers trimestres, l’ambiance a changé. Le marché US montre des signes de saturation, et les chiffres stagnent.


Et en France ? Pas de gros crash détecté, mais certaines tendances résonnent :


  • Un marché qui s’est structuré avec de nombreux réseaux de salles.

  • Une concurrence accrue dans les grandes villes.

  • Un public qui évolue, notamment avec la montée en puissance de la Génération Z.

  • Fermetures de salles, preuve que tout ne roule pas aussi bien qu’avant.

  • Rachats et consolidations, certains groupes absorbant des salles moins solides.

  • Augmentation du prix des abonnements, en réponse à l’inflation et aux coûts d’exploitation.


La situation n’est pas alarmante, mais elle montre que l’âge d’or où chaque salle pouvait ouvrir sans trop se poser de questions est peut-être derrière nous.


Saturation du marché : y a-t-il trop de salles ?


Aux États-Unis, le nombre de salles en activité continue d’augmenter chaque année. Problème : dans certaines villes, l’offre commence à dépasser la demande.


Quand plusieurs salles se battent sur le même territoire, trois stratégies émergent :


  1. Miser sur la diversification : rajouter du fitness, du yoga, du coworking…

  2. Créer une expérience unique : ouverture de voie plus ludique, murs interactifs, compets locales…

  3. Jouer sur le communautaire : fédérer un noyau dur de grimpeurs fidèles.


En France, la situation varie selon les villes. À Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, la multiplication des salles pousse à la différenciation. Ailleurs, certaines salles ont déjà baissé le rideau faute de viabilité économique. L’effet "trop de salles, pas assez de grimpeurs" commence à se faire sentir.


salle d'escalade generation y

Génération Z : une clientèle plus précaire


Autre facteur qui inquiète les patrons de salles aux US : le changement de profil du grimpeur.


Après avoir surfé sur la génération des Millennials (25-40 ans aujourd’hui), l’escalade séduit de plus en plus la Génération Z (18-25 ans). Sauf que cette nouvelle vague de grimpeurs arrive avec un budget plus serré :


  • Plus de précarité : jobs multiples, contrats instables.

  • Plus de dettes étudiantes : des priorités budgétaires différentes.

  • Une inflation post-COVID qui pèse sur les abonnements en salle.


En gros, ces nouveaux grimpeurs viennent, mais ils hésitent avant de s’engager sur un abonnement annuel. Une tendance qui pourrait bien finir par toucher aussi la France, où les abonnements ont déjà augmenté dans plusieurs salles ces derniers mois.


Le pire cauchemar des salles : et si l’escalade devenait "moins cool" ?


C’est LA question taboue du moment.

L’escalade a connu une hype gigantesque ces dix dernières années :


  • “Tout le monde” a testé la grimpe après avoir vu Free Solo.

  • Les JO et les stars du circuit (Janja Garnbret, Adam Ondra, Jakob Schubert…) ont propulsé le sport sous le feu des projecteurs.

  • L’ouverture des salles a facilité l’accès à une clientèle qui n’y aurait jamais pensé avant.


Mais et si la hype retombait ? Si les nouveaux grimpeurs se lassaient aussi vite qu’ils sont arrivés ?


Le problème, c’est que personne ne sait comment détecter ce genre de phénomène avant que la casse soit visible dans les comptes. D’où la volonté du CWA Summit de creuser cette question.


Un avenir incertain, mais pas (encore) un crash


En l’état, le marché de l’escalade indoor ne s’effondre pas.


  • Aux États-Unis, il ralentit, il s’ajuste, il se restructure.

  • En France, on observe les tendances, sans vrai coup d’arrêt pour l’instant.


Mais les défis à venir sont bien réels :


  • Mieux comprendre la saturation des marchés locaux.

  • Adapter les modèles économiques à un public plus précaire.

  • Anticiper l’évolution de la demande (et éviter l’effet “modasse qui s’efface”).


Le CWA Summit d’avril promet d’apporter des éléments de réponse pour le marché US. En France, il faudra attendre encore un peu pour voir si ces tendances traversent l’Atlantique… ou si on suit une courbe différente.


En attendant, une chose est sûre : dans l’escalade comme dans le business, quand la paroi devient plus raide, il faut garder la tête froide.

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