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Financement du haut niveau en Allemagne : le DAV met les grimpeurs au pied du mur

Photo du rédacteur: Adrien BatailleAdrien Bataille

L’histoire commence comme une mauvaise blague : que se passe-t-il quand une fédération coupe les vivres et que les athlètes doivent passer le chapeau ? Réponse : Alex Megos sort le mégaphone et lance un appel aux dons. Parce que l’équipe nationale allemande, laissée en roue libre par le Club Alpin Allemand (DAV), doit désormais financer elle-même une partie de sa saison. Une situation ubuesque pour un sport olympique, mais qui illustre un mal plus profond : l’escalade de haut niveau a un problème de sous, et ce n’est pas que l’Allemagne qui rame.


Alex Megos Climber
© Jean Virt / IFSC

Le DAV face à la réalité : serrer la vis ou casser la tirelire ?


Depuis 2022, le DAV ne touche plus un centime de l’État pour financer ses compétiteurs. Seule au monde (ou presque), la fédération doit jongler avec ses propres fonds pour faire tourner la boutique. Sauf que 2024 a été une année faste en résultats, donc en invitations aux Coupes du Monde. Et qui dit plus de quotas, dit plus de déplacements, plus de frais, plus de galères.


Deux choix s’offraient au DAV :


  1. N’envoyer que les meilleurs, ceux qui ont le plus de chances de briller, et serrer la vis sur les sélections.

  2. Envoyer un maximum d’athlètes, quitte à leur faire payer une partie de la note.


La fédération a choisi la deuxième option, expliquant vouloir « donner leur chance » à un maximum de grimpeurs. Un choix qui sonne noble sur le papier… sauf qu’en pratique, ça veut dire que grimper en Coupe du Monde, c’est d’abord grimper un budget.


L’équilibre instable : faire de la place ou faire des sacrifices ?


L’argument du DAV se tient : il fallait trancher. Mais ce qui coince, c’est la formulation. « Nous faisons la meilleure offre possible dans le cadre donné », explique la fédé. Autrement dit : c’est ça ou rien, débrouillez-vous.


Sauf qu’une saison complète, c’est des milliers d’euros en billets d’avion, hôtels et autres frais de déplacement. Pour Alex Megos et ses coéquipiers, c’est simple : sans argent, pas de compétitions. Pas de compétitions, pas de carrière.


Et là, on touche à une vérité qui pique : le haut niveau est en train de devenir un club privé, réservé à ceux qui peuvent se payer l’entrée.


L’Allemagne en crise, mais pas que


Ce que vit l’équipe allemande, la France le connaît déjà. La FFME n’a pas toujours les moyens d’envoyer tout le monde sur les étapes de Coupe du Monde, et certaines places restent vacantes faute de financement. Résultat : un vivier de grimpeurs prometteurs, mais des opportunités qui se jouent à l’épaisseur du portefeuille.


Le problème, c’est que l’escalade ne se contente plus d’être un sport de passionnés. Elle est devenue une industrie, avec ses sponsors, ses prize money faméliques et son accès de plus en plus élitiste. Or, si les fédérations n’arrivent plus à suivre, qui peut encore se permettre de jouer le jeu ?


Le DAV en pompier ou en architecte ?


Pour l’instant, le DAV gère la crise avec un extincteur et un sourire crispé. La question, c’est jusqu’à quand. Tant que les fédés ne trouvent pas de modèle économique viable, l’escalade de haut niveau restera une course d’obstacles… financiers.


L’appel aux dons de Megos n’est pas qu’un SOS. C’est un symptôme, un signe que le système a des fissures. Et si la solution passe uniquement par la générosité du public, alors il y a urgence : soit on trouve une autre façon de financer le sport, soit on accepte que le talent ne suffira plus.

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