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Photo du rédacteurPierre-Gaël Pasquiou

Climb Up Lyon : L'accident mortel qui relance le débat sur la sécurité en salle

Le 2 novembre 2024, un drame secoue la salle Climb Up Lyon Confluence : un grimpeur de 72 ans, expérimenté, chute de 20 mètres après avoir, selon les premiers rapports, oublié de s’attacher à l’auto-enrouleur. Ce simple oubli lui coûte la vie et relance un débat essentiel. En salle, un espace conçu pour la sécurité, cette tragédie rappelle brutalement que la vigilance individuelle est la dernière ligne de défense.


Climb Up Lyon
© Climb Up Lyon

La nouvelle se propage comme une traînée de poudre. Les articles affluent, les notifications pleuvent, et dans la communauté des grimpeurs, c’est le choc. Cette médiatisation massive suscite une question : jusqu’où va la responsabilité des grimpeurs et où commence celle des salles qui les accueillent ?


Entre drame et sensationnalisme


Certains articles ne s’embarrassent pas de nuances : certains parlent de « choix délibéré » de la victime, insinuant qu’il aurait sciemment renoncé à s’attacher. Y voyant même dans la décharge de responsabilité signée à l’entrée une preuve de ce « choix ». Ce genre de couverture transforme le drame en spectacle et flirte avec la caricature : les mots choisis donnent une image faussée de l’escalade. Pendant qu’on se perd en exagérations, le vrai problème – le manque de rigueur – passe à la trappe.


Climb Up Lyon mort

L'auto-enrouleur : coupable évident ou bouc émissaire ?


Malgré les critiques, l’auto-enrouleur ne semble pas être la cause principale des accidents en salle d'escalade. Les statistiques en Allemagne parlent d’elles-mêmes : sur 250 salles d’escalade, seules quatre blessures graves, dont un décès, ont été liées aux auto-enrouleurs en un an. Ces dispositifs, bien rodés, sont conçus pour garantir un maximum de sécurité, mais on les présente trop souvent comme « sans risques », accessibles à tous, souvent sans initiation.


C’est précisément ce relâchement qui pose problème. Matthieu, grimpeur régulier, note des différences flagrantes entre les salles : « Dans certaines, on t’explique le fonctionnement de l’auto-enrouleur, on vérifie ton baudrier et on s’assure que tu es bien attaché avant de te laisser grimper. Dans d’autres, tu signes la décharge et te débrouilles. Ils demandent juste si tu sais utiliser le dispositif, mais personne ne vérifie. » Pire, certaines salles redirigent même vers les voies en auto-enrouleur les grimpeurs ayant échoué aux tests, sans suivi ni formation, comme une solution de facilité.


« Dans certaines, on t’explique le fonctionnement de l’auto-enrouleur, on vérifie ton baudrier et on s’assure que tu es bien attaché avant de te laisser grimper. Dans d’autres, tu signes la décharge et te débrouilles. Ils demandent juste si tu sais utiliser le dispositif, mais personne ne vérifie. »

Auto enrouleur

La disposition des voies ajoute à la confusion. Dans certaines salles, des voies classiques d’assurage manuel sont installées juste à côté de celles équipées d’auto-enrouleurs, ce qui brouille les repères, surtout pour les débutants. Matthieu précise : « Certaines salles utilisent des bâches carrées qui forcent à s’attacher, mais d’autres posent de petites bâches faciles à contourner. Dans la précipitation, on peut vite s’y perdre. »


« Certaines salles utilisent des bâches carrées qui forcent à s’attacher, mais d’autres posent de petites bâches faciles à contourner. Dans la précipitation, on peut vite s’y perdre. »

Cette confusion est accentuée par la disparition des distinctions visuelles selon les compétences. Autrefois, un test à l’accueil permettait d’obtenir une carte accrochée au baudrier, indiquant qui avait le droit de grimper en tête ou en moulinette. Aujourd’hui, aucun contrôle visuel n’indique qui peut faire quoi. Il est facile de se voir interdire la grimpe en tête à l’accueil, puis de le faire dans la salle sans que personne ne s’en aperçoive.


Certaines salles semblent considérer que leur responsabilité s’arrête à la signature d’une décharge et à des consignes données en vitesse. Après ça, plus de suivi : le grimpeur est livré à lui-même. Ce laxisme installe l’idée que l’auto-enrouleur et les autres dispositifs en salle sont sans contraintes, une perception erronée qui explique en partie pourquoi des accidents surviennent.


La rigueur en escalade : une responsabilité partagée


L’escalade demande une attention absolue. Vérifier son équipement, son nœud, son attache : des étapes simples mais vitales, que l’on néglige trop souvent. En salle, l’illusion de sécurité totale encourage un relâchement qui peut s’avérer dangereux. Ce risque de routine est au cœur des nouvelles directives de la FFME, qui, face à la démocratisation des auto-enrouleurs, a renforcé ses règles pour mieux encadrer leur utilisation.


Ces directives incluent des consignes strictes de double contrôle, des barrières de protection qui obligent à s’attacher, et une vérification initiale des équipements. Mais cette rigueur n’est pas appliquée de manière uniforme, et trop de grimpeurs passent à côté des bases de sécurité.


Les salles jouent un rôle crucial dans cette chaîne de sécurité, et leur mission ne s’arrête pas à une décharge ou une explication rapide. Certaines salles ont déjà adapté leurs installations en créant des espaces uniquement dédiés aux auto-enrouleurs, séparés des voies classiques pour éviter toute confusion. Mais d’autres mélangent les pratiques, avec des couloirs où cohabitent enrouleurs, moulinettes et assurage en tête, brouillant la distinction et multipliant les risques. Sans une supervision rigoureuse, cette organisation devient un facteur de danger.


Au final, il est vrai que chaque grimpeur reste le garant ultime de sa sécurité, mais les salles ont aussi la responsabilité de sensibiliser aux dangers potentiels et de maintenir leur vigilance. Ce dernier accident en est une preuve amère : même les plus aguerris ne sont jamais à l’abri d’un instant d’inattention, et chacun, du débutant à l’expert, dépend de l’attention collective.

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