Cairn : l’escalade en jeu vidéo atteint un nouveau sommet
Il y a presque un an, on vous parlait déjà de Cairn. À l’époque, c’était encore une silhouette dans la brume, une promesse d’ascension sans itinéraire défini. On savait juste que The Game Bakers, les artisans de Furi et Haven, travaillaient sur un jeu d’escalade qui voulait faire les choses autrement. Un an plus tard, l’horizon s’éclaircit : une démo est disponible, et l’expérience commence à se dévoiler.

Et autant dire qu’on n’est pas sur une simple balade en falaise. Cairn ne veut pas juste être une simulation d’escalade, il veut faire ressentir ce que c’est que grimper. Avec tout ce que ça implique : l’effort, l’anticipation, l’incertitude. Loin des ascensions automatiques et des assistances invisibles, ici, chaque mouvement se joue à la main, au millimètre, avec une attention quasi obsessionnelle portée au placement du corps.
Mais Cairn, ce n’est pas juste une question de prise. C’est aussi une question d’ambiance, de narration silencieuse et de survie dans un environnement qui ne vous veut ni du bien ni du mal – il est là, c’est à vous de vous en accommoder. Et si l’escalade est aussi belle dans Cairn, c’est qu’elle est passée entre les mains de Mathieu Bablet, maître en architectures impossibles et en décors vivants.
Là-haut, seul.e
L’histoire nous place dans la peau d’Aava, une grimpeuse dont la mission est simple sur le papier : atteindre un sommet encore jamais conquis. Mais ici, pas question d’avancer sans réfléchir. Cairn fait partie de ces jeux qui exigent de comprendre leur logique avant de pouvoir avancer.
Chaque main, chaque pied doit être positionné à la main, en tenant compte de l’équilibre du corps et de la fatigue qui s’accumule. L’énergie n’est pas infinie, et la moindre erreur coûte cher. Chuter, ce n’est pas juste recommencer, c’est sentir que l’on a mal joué, que l’on a surestimé son endurance, sous-estimé une prise.

Mais ce n’est pas tout : Cairn va plus loin en intégrant des mécaniques de survie. Parce que grimper, c’est aussi gérer son corps. Faim, soif, température corporelle… il faut composer avec ces paramètres sous peine de ne jamais voir le sommet. Ramasser des plantes, trouver de l’eau, économiser ses forces deviennent des enjeux aussi cruciaux que le placement des mains.
Et quand la fatigue devient trop grande, il faut bivouaquer. Chercher un endroit sûr, monter sa tente, cuisiner ce qu’on a pu trouver, réparer son équipement. Un moment de répit avant de repartir vers l’inconnu, un dernier regard vers ce qui reste à gravir.
L’empreinte de Mathieu Bablet
S’il y a bien une chose qui distingue immédiatement Cairn, c’est son esthétique. Et pour cause : on retrouve derrière la direction artistique Mathieu Bablet, génie de la BD qui nous a déjà offert Shangri-La, Carbone & Silicium et Adrastée. Un artiste en pleine effervescence, dont le prochain album, Silent Jenny, est attendu pour août 2025.
Son style, reconnaissable entre mille, habite chaque recoin du jeu. Les montagnes ne sont pas juste des blocs de roches inertes, elles ont une présence, une aura, un poids. Les ciels, souvent immenses, oscillent entre sérénité et menace sourde. Chaque détail semble réfléchi pour faire ressentir l’environnement, plutôt que simplement l’illustrer.

Mathieu Bablet n’est pas du genre à faire dans le décor figé. Dans ses BD, les villes sont des personnages à part entière, les ruines racontent des histoires, chaque ligne a du sens. Dans Cairn, cette approche donne naissance à un univers immersif, où l’on grimpe autant pour atteindre le sommet que pour comprendre ce que ce lieu a à dire.
Une démo pour s’échauffer
Avec cette démo, Cairn nous laisse entrevoir ce qu’il a dans le ventre. Et le verdict est clair : c’est exigeant, mais gratifiant. On passe d’abord par une phase d’apprentissage dans une salle d’escalade, histoire d’assimiler les bases, avant d’être lâché sur une vraie paroi. Une heure de jeu qui donne déjà un aperçu du rythme, de la tension, et de ce qui nous attend.
Pour l’instant, l’aspect survie est encore discret, mais on sent que le jeu ne va pas se contenter d’être un simple simulateur de grimpe. Les mécaniques de gestion des ressources et du bivouac laissent entrevoir un équilibre à trouver entre l’instinct de progression et la nécessité de se préserver.
La date de sortie complète reste encore floue, mais une chose est sûre : Cairn est bien parti pour être l’expérience d’escalade la plus aboutie jamais vue en jeu vidéo.

Dernière prise avant le sommet
Alors, Cairn, sommet ou mirage ? Difficile à dire pour l’instant, mais ce qui est certain, c’est que The Game Bakers ont pris un risque. Celui de proposer un jeu qui ne fait aucune concession, qui demande du temps, de la patience et de la réflexion.
On pourrait se demander si ce parti-pris séduira un large public. Mais après tout, Cairn n’est pas là pour plaire à tout le monde. Il est là pour parler aux passionnés, aux têtus, à celles et ceux qui savent que chaque ascension est une histoire en soi.
La démo a ouvert la voie. Maintenant, on attend la suite. Parce que si ce que l’on a vu jusqu’ici est représentatif de l’expérience finale, alors Cairn pourrait bien marquer un vrai tournant dans la manière dont le jeu vidéo représente l’escalade.
Et rien que pour ça, on est prêt à s’accrocher.