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Briançon règle ses comptes et ouvre une nouvelle voie

« Les Coupes du Monde perdent de leur prestige. » La formule de Franck Prigent, organisateur historique de l’étape briançonnaise, siffle comme une corde qui claque. Après 35 ans de loyauté indéfectible, Briançon s’est faite éjecter du calendrier par une fédération internationale qui semble avoir troqué l’authenticité des montagnes contre les paillettes des grandes capitales. Madrid, c’est chic, mais ça ne sent pas le sapin. Pourtant, si certains pensaient que la décision de l’IFSC laisserait Briançon au pied du mur, c’est mal connaître l’esprit de la ville.


Briancon escalade
© David Pillet

Le Nid : promesse envolée, fracture affichée


En 2023, Briançon inaugurait « Le Nid », un mur flambant neuf de 18 mètres, financé à hauteur de 1,7 million d’euros par l’État, la Région PACA et le département des Hautes-Alpes. Ce mur c’était une promesse, une déclaration d’amour à l’escalade et à son avenir international dans cette ville qui respire la grimpe depuis des décennies.


Et puis, décembre 2024 est arrivé, avec son couperet : Briançon rayée du calendrier au profit de Madrid. Une décision prise sans fracas mais avec fracas. « On nous pousse à investir pour finalement nous retirer l’événement », déplore l'organisateur sur BFM. Cette amertume, nous l’avons entendue de nos propres oreilles lors de la dernière Coupe du Monde à Briançon. Devant la tente presse, des mots acérés fusent entre les organisateurs locaux et des représentants de l’IFSC, sans filtre ni pudeur. À quelques mètres des journalistes présents, on règle ses comptes. Le ton monte, et avec lui, la fracture devient visible : d’un côté, une fédération gourmande et exigeante ; de l’autre, une organisation locale qui donne tout, quitte à s’essouffler.


Redistribuer les cartes, et les cordes


L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais ce serait mal connaître les Briançonnais. Plutôt que de se lamenter, la ville choisit de repartir de zéro, avec une idée simple : si l’IFSC ne veut plus jouer avec elle, autant réinventer le jeu. « Les top athlètes resteront dans les parages et on sera capable d’organiser des événements rapidement grâce à de gros sponsors avec qui nous sommes déjà en discussion. Les prize money que nous allons proposer participeront à faire la différence », affirme Franck Prigent.


Et c’est là que l’affaire devient intéressante. Parce que l’argent, dans le monde de l’escalade, c’est le gros caillou dans le chausson. Trop souvent, les compétitions officielles traitent les grimpeurs comme des artistes affamés, applaudis mais sous-payés. Redistribuer mieux, récompenser davantage : voilà le plan. En offrant des prize money à la hauteur des efforts des athlètes, Briançon veut prouver qu’un modèle indépendant est possible.


Si ça marche, l’effet pourrait être ravageur. D’autres villes, lassées des exigences délirantes et des miettes laissées par l’IFSC, pourraient se dire : « Et si on faisait comme Briançon ? » L’échec des Championnats du Monde 2023 à Berne, avec un déficit de 1,8 million d’euros, n’a déjà rien arrangé.


Briançon : tracer sa propre voie


L’IFSC a peut-être tourné la page, mais Briançon s’apprête à écrire un nouveau chapitre. En remettant les athlètes au centre, en redistribuant les cartes, et en refusant de se plier à un système qui ne la respecte pas, la ville prouve qu’elle a encore de la hauteur. Les montagnes n’ont pas bougé, et Briançon, fidèle à elle-même, grimpe sans regarder en arrière.

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