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Assemblée générale FFME 2025 : Hausse des licences et équilibre démocratique

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Réunie à Toulouse les 5 et 6 avril derniers, l’Assemblée générale annuelle de la FFME a acté une augmentation de 10 euros du tarif des licences. Sous les apparences d'une décision classique, ce vote révèle en réalité un exercice délicat d'équilibre démocratique. Entre transmission imparfaite des informations en interne, mandats territoriaux parfois rigides, et une fédération tiraillée entre compétitivité et accessibilité, retour sur un week-end où les subtilités démocratiques se sont invitées à la table des débats.


AG FFME

Une augmentation sous contrainte démocratique


Le vote est tombé : 55,35 % pour, 44,65 % contre. Un résultat serré, qui dit beaucoup plus qu'une simple hésitation face à une hausse tarifaire. Au cœur du sujet, une mécanique démocratique complexe qui s’est heurtée à une communication interne probablement insuffisamment adaptée aux réalités du terrain.


Car si la FFME avait effectivement annoncé dès janvier une possible augmentation à ses comités territoriaux et ligues, l’information – contenue dans des documents souvent techniques et denses – n’a manifestement pas atteint tous les destinataires avec la clarté nécessaire. Résultat : un nombre important de représentants, pris dans les mailles d’un tissu associatif largement bénévole et déjà saturé d’informations, est arrivé à l’AG avec des mandats contraints, décidés par des clubs n’ayant pas toujours pris la mesure complète des enjeux.


Ce dilemme démocratique a été résumé très précisément par le président de la fédération, Alain Carrière, lors de notre entretien :


« Certains délégués m’ont confié avoir voté contre parce que leur comité territorial s’était positionné ainsi, tout en précisant adhérer pleinement à la stratégie proposée par notre équipe. »

En clair : il ne s’agit pas ici d’une absence d’informations, mais bien de leur mise en forme et de leur transmission qui ont péché. Face à un réseau de bénévoles déjà surchargés, peut-être aurait-il fallu adapter la communication autour de cette question cruciale : la rendre plus digeste, plus directe, plus pédagogique.


« À chacun sa performance » : ambiguïtés stratégiques derrière une formule séduisante


Autre point central abordé lors de cette AG : le nouveau « sprint stratégique » de la fédération pour les quatre années à venir, structuré autour d’un slogan subtilement équivoque : « À chacun sa performance, à chacun son terrain de jeu ».


Stratégie FFME
© FFME

Cette formule apparemment simple révèle en fait un défi stratégique délicat : comment faire cohabiter sous un même toit institutionnel l’élite sportive et la pratique dite « pour tous », traditionnellement plus proche de valeurs prônées par des fédérations historiquement concurrentes, comme la FSGT ?


À travers cette référence plurielle à la « performance », la FFME esquisse une tentative subtile de réconciliation conceptuelle, cherchant à faire accepter une performance plus diffuse, collective et inclusive. Un exercice intellectuel délicat, mais potentiellement porteur si la fédération parvient à clarifier suffisamment son propos.


Économie fédérale : changement de paradigme et nouvelle direction marketing


Cette AG était également l’occasion d’entériner un virage économique assumé vers davantage de partenariats privés. Ce tournant s’accompagne concrètement de l’arrivée récente d’un nouveau directeur marketing et événementiel, symbole d'une mutation profonde dans la culture organisationnelle de la FFME.


Cependant, cette transition n’est pas sans contradictions internes. Alain Carrière relève ainsi que certains représentants souhaitent à la fois attirer des partenaires privés et réduire l’investissement sur le haut niveau, sans toujours percevoir que les partenaires privés visent précisément à associer leur image au prestige des compétitions.


Le chemin vers cette nouvelle économie fédérale promet donc d'être pavé d’ambiguïtés qu’il faudra soigneusement lever dans les années à venir.


Le poids encombrant de l’IFSC : frein ou levier économique ?


Dans cette dynamique de mutation économique, la relation avec l’IFSC (Fédération internationale d’escalade sportive) s’est imposée comme un sujet central. Clairement, cette dernière est aujourd’hui perçue par la FFME comme un véritable frein au développement commercial, notamment en raison des contraintes très fortes imposées aux organisateurs locaux sur la visibilité commerciale des partenaires nationaux.


Alain Carrière en parle sans détour :


« Nous sommes extrêmement cadrés par ce que nous impose l’IFSC. Le bénéfice économique réel pour la fédération nationale est finalement divisé par deux, comme on l’a vu avec la récente annulation de la Coupe du monde à Briançon. »

Cette tension révèle une confrontation entre deux visions opposées : un modèle français associatif traditionnel face à un modèle international de plus en plus tourné vers l'organisation privée des grands événements sportifs.


Numérique et reconnaissance humaine : des avancées réelles pour le terrain


Face à ces grands débats stratégiques, l’Assemblée générale a aussi apporté des réponses concrètes et attendues par les licenciés, notamment par l’arrivée effective des outils numériques fédéraux tels que myFFME, myCOMPET et FFME.SHOP. Ces solutions représentent un vrai soulagement administratif pour un tissu associatif souvent débordé.


© FFME
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Par ailleurs, l'AG n'a pas oublié de célébrer les acteurs emblématiques du monde fédéral, comme Pierre-Henri Paillasson ou les frères Bassa et Mickaël Mawem. Ces hommages rappellent judicieusement que derrière les grandes stratégies, c’est avant tout une aventure humaine qui est à l’œuvre.


Le défi démocratique : une performance à réussir absolument


En définitive, cette AG 2025 révèle surtout l’urgence d’un travail démocratique approfondi. La FFME devra apprendre à mieux adapter ses communications stratégiques aux réalités du terrain associatif, pour permettre à chacun de comprendre et de participer pleinement aux décisions cruciales qui façonnent son avenir.


Le véritable enjeu fédéral est désormais de transformer ces subtilités démocratiques, économiques et conceptuelles en un projet partagé par tous. Un défi collectif et intellectuel que la fédération devra impérativement réussir, pour éviter qu’à la prochaine assemblée générale, la démocratie fédérale ne se retrouve une nouvelle fois en position d’équilibre précaire.

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